C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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1

ACCROIRE   
1.

"Faire croire à qqn une chose que l'on sait être fausse" : Tu ne dois escouter ne croire Nulx malx ne mettre a memoire, Se tu n'en es bien enformez. L'on le voit en mainte histoire Que malvais hons fait bien acroire De que proudomme est malmenez. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 201). Les Sarasins vous croient en la fourme et maniere que Mahom les entrodit, qui les trouva simples sans malice, et leur fesoit acroire qu'il estoit mesage de vous, et tout ce faisoit il par couvoitise pour avoir le leur, quer par vous ne fu onques loi baillie aus Sarasins, et ycelle n'est mie loi de salvation (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 8). ...il semble qu'ilz oingnent Les cuers des gens, et ilz les poingnent Telement qu'il leur font acroire Ce qui n'est mie chose voire (Mir. st Ign., 1366, 88). Et puis lui demanda des nouvelles dou païs. Il l'en dist assés, fussent voires ou bourdes, et lui fist acroire que toute li terre de Gales le desiroient mout à ravoir à seigneur (FROISS., Chron. R., IX , c.1375-1400, 76). Et avoit cellui roy un nepveu, lyquelz avoit, par l'introducion d'aucuns envieux, sur Hervy, vostre pere, grant indignacion, car ilz lui firent acroire que le roy, son oncle, feroit son hoir de Hervi, vostre pere, et dirent au nepveu du roy en telle maniere : Tu es droiz hoirs de Bretaigne Brute et Gallesse. Or estes vous bien ruez jus et deboutez de la noble contree de Bretaigne. (ARRAS, c.1392-1393, 48). Si pouoit de legier acroire Faire que ce fust chose voire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 231). Si ont ycelles office d'acheter la viande et aler a la char, ou trop bien batent le cabaz - qui est un mot communement dit, qui est a entendre : faire acroire que la chose couste plus que elle ne fait, et retenir l'argent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209). Et aprés qu'ilz furent ordonnez et fermez, il fist de nuyt partir de la toute sa compaignie, en laissant toutesfois ou grant logis le pretoire ou il tenoit son siege et faisoit ses ordonnances, et le laissa tout a escient pour abuser les ennemis et leur faire acroire qu'ilz estoient tousjours leans. (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 104). ...si en ung peage il passe ung marchant qui n'aquite, on confisque toute sa marchandise. (...) Et n'en pourra mais le marchant, qui n'y sera n'ouy ne veu ; mais l'auront fait ses commis pour obliance ou pour peine d'aller aquiter, ou pour le rober au marchant meismes et lui faire acroire qu'ilz avoient aquitté. (BUEIL, II, 1461-1466, 12). Jamais ne me ferez acroire Que se ne soit quelque fentosme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 427).

2

ACCROÎTRE   
1.

Accroistre en + subst. "Croître en, acquérir davantage de" : ...touz jours mettoit diligence De nous faire en vertuz accroistre (Mir. st Ign., 1366, 77).

3

ACÉRER   
A. -

[D'un objet en fer, le plus souvent un instrument tranchant, une arme] "Dont la pointe, le tranchant ou la surface a été garni d'acier pour le rendre plus résistant ou plus tranchant" : Lors cil de son glaive acheré Lui a ung tresgrant coup donné Et toute sa force y a mis (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 131). ...le jour qu'il fu martirey Le cuir li fu tout dessirey De coupx de courgies noees, Et de saetes acerees Fu sa char toute depecee. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 30). Et en sa destre main tenoit Un dart qui bien estoit ferré De fer tranchant et aceré (MACH., D. verg., a.1340, 19). Elle [l'espee] est bien asseree (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 198). Devant la tour David par desous ès fossés, Fu ly roys des Taffurs par dedens avalés, Et IIIJm ribaus à martiaux acérés Et à leviers de fier et as dars afilés, Et font ung tel assaut que les murs ont troés (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 477). Puis les costés li descirez A pignes aguz acerez (Mir. st Ign., 1366, 81). Et tenoit un glave roit et fort à un lonch fer bien aceret, et desous ce fier avoit un havet agut et prendant. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 63). Se il euist eu une hace bien acerée en se main, il n'euist feru cop que il n'euist occis un homme. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 209). Cuer de marbre couronné d'aymant, Ourlé de fer, à la pointe asserée. (MACH., L. dames, 1377, 223). Lors prent l'estrié qui pendoit a l'arcon de la selle, liquelz avoit trois pointes bien acerees, chascune de sept poux de long, et au retourner que Olivier cuida faire, il le fery sur le bacinet, qui fu durs et bien trempez, et l'une des pointtes coula aval et entra entre la coupe du bacinet et la vosiere [l. visiere]. (ARRAS, c.1392-1393, 62). ...de lance aceree agüe S'entre pourfendent les cerveles (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 250). Atant et par l'estour Esclamart l'amiré, Qui tenoit ung fausart trenchant et asseré ; Va ferir sur l'escu Anthiaume le membré, Qu'il lui a l'aubert fendu et desmaillé. (Galien D.B., c.1400-1500, 124). Et cependant que les dixaines montoient, le Jouvencel, avec les deux premières dixaines, qui portoient les grandes turquoises de fer bien acherées, de la longueur de deux piez ou environ, vindrent aux huys du portail, qui estoit sur la muraille du chasteau, et rompirent les serreures, adfin de descendre en la ville (BUEIL, I, 1461-1466, 90). Quentin se veult tousjours offrir A tous griefz tourmens perilleux ; Entre les aultres merveilleux, On luy a les nerfz deschirés De rasteaulx de fer acherés, Les plus terribles de jamais. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 243). Or, tenés, sont ses cloux bien fais ? Regardez, sont ilz asserés ? Manïés les et vous dirés Que se sont cloux fors et pesans Pour durer jusques a mille ans Sans jamais pourrir de roulleure. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 385). Ce cousteau pent a ung cordon de soye ; Le manche doulx, l'alymelle aserree, La gaigne gente combien que peu se voye. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 40). Et si vecy barres de fer Pour ta charongne reschauffer, Cousteaulx, poignars, dagues, espees Et doloires bien asserees, Et si vecy chaines et cordes. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 222).

4

ACIER   
.

[Le subst. désigne un objet, un outil, un instrument] : Une eschiele de soie a li lerres sachie, Qui a gravais d'achier estoit entrelachie. Et quant sor le maison l'ot li lerres lanchie En la maison entra. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 75). Le dos on te descirera A ongles d'acier bien tranchans (Mir. st Ign., 1366, 97). ...deux myroers d'assier, l'un grant, qui est environné de cuivre et de brodeure par derrière, et l'autre assiz sur boys. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 233). Mais Remondin lui gette l'estrier par grant air, et attaint le cheval ou front de si grant force que le chanfrain d'acier fu effondré (ARRAS, c.1392-1393, 63). ...ung grant mirouer d'acier, ouvré et doré (Ch. VI, D., t.2, 1418, 307). Sur toute rien moult m'abelly Que Tristifer coler joly De fin achier, bien brunoiant, Ala a ce point ottroiant - Ne sçay quele chose pensoit - A Maret qui le miex dansoit (Pastor. B., c.1422-1425, 46). A ung fevre vous en alés, Et affin que s'aquiter, De par moy le saluer, Et que ly mande diligemment Que forgoit tost apertement Troys cloux grand et de fin acier Pour a Jhesu piez et main percier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 101).

5

ADRESSER   
.

[D'une chose abstr.] : Certes, foleur vous adresça A venir cy. (Mir. st Ign., 1366, 77). C'est la conclusion de cest chapitre que vertu nous adresce a bien faire en delectacions et en tristeces. (ORESME, E.A.C., c.1370, 153).

6

AFFERMER1      | 2   
b)

Affermer qqn, son coeur... "Rendre qqn ferme, assuré" : Mon Dieu (...) A mon cuer affermer accuers, Et a ce besoing me sequeurs (Mir. st Ign., 1366, 82). ...qui y ferme Son cuer, il le trempe et afferme (CHART., L. Dames, 1416, 287).

7

AFFERMER1      | 2   
c)

Affermer son coeur à qqn. "Attacher fermement son coeur à qqn" : HERMITE. A nostre dame sanz sejour Tien ton cuer ferme. LE FIL D'EMPERIÉRE. Sire, je li rens et afferme, Et souvent prieray pour vous. (Mir. parr., 1356, 10). ...desir avons De noz cuers a Dieu affermer (Mir. st Ign., 1366, 91).

8

AGRAPPE   
A. -

"Croc, crochet de dimension plus ou moins importante, servant à fermer, à saisir qqc., à retenir qqc. ou qqn" : DEUXIESME SERGENT. (...) Laissons, alons vers l'emperiére. Je ne doubte point qu'il eschape : L'uis est trop fort, si est l'agrappe De la serrure. (Mir. st Ign., 1366, 87). A Adan le Fevre pour LX livres et demie de fer ouvré tant crampons à atachier lesdictes perches et lambourdes, grans cloux, chevilles, haves comme agrappes employés esdits ouvraiges (Comptes Lille L., t.1, 1420-1421, 161). En après, yceulx Anglois du Crotoy, avoient deux batiaulx nommés gabannes, par le moyen desquelx ilz travilloient souvent ceulx d'Abbeville, et par espécial les pescheurs. Si envoyèrent les dessusdiz d'Abbeville, de nuit, aulcuns de leurs gens, à tout un batel, assés près du Crotoy. Et en y eut aulcuns qui en nagant alèrent atachier agrappes de fer par dedens l'eaue, aux bateaulx dessusdiz. Auxquelles agrappes il y avoit de bien longues cordelles ; par lesquelles cordes yceulz navires furent tirés dehors et amenés audit lieu d'Abbeville. Dont les Anglois furent malement troublés. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 262). Quand Natalie, en qui vertus s'agrappe, Sceut que tu fus mieux tenus que d'agrappe, En tenebreux lieu replet de vermine, Sa robbe brise et par couroux se frappe (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 508).

9

AHAN   
5.

Loc. adv. A (grand ...) ahan. "À grand peine, en grande souffrance, ..." : ...aler droit en Jherusalem Ou le vray Dieu a grant ahan Pour nous moru. (Mir. st Panth., 1364, 333). ...j'ay grant pitié (...) de ce preudomme Que ces sergens veulent a Romme Mener destruire a grief ahan (Mir. st Ign., 1366, 77). Mourir la ferons a ahon Ains que dormons jamais bon somme. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 177). Que mourir puist a grant ahan ! (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 482). Loth, qui fut frere d'Abraham, Se sauva a moult grant hahan Quant Dieu mist a destruction Sodosme et celle mansion. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 209).

10

AIGRE1      | 2   
2.

[D'une douleur phys.] "Fort, aigu" : Je croy, sire, qu'il li convient Donner un plus aigre martyre, Qui sa force et sa jangle tire Jus de tout point. (Mir. st Ign., 1366, 88). ...tant lui fut la pasmoison aigre. (CHART., L. Dames, 1416, 254). Pour sa douleur si fort et aigre On l'arousa tout de vinaigre. (Vig. Trib., c.1480, 233). Et je n'ay nul mal, fors qu'alaigre Ne suis par ceste maladie Dont, s'elle m'est ung petit aigre, En gré prens, quoy que l'on me dye. (LA VIGNE, S.M., 1496, 567).

11

AIGU   
-

[D'un obj. quelconque] : Puis les costés li descirez A pignes aguz acerez (Mir. st Ign., 1366, 81). ...et qu'il convenoit prendre une longue dent de cerens bien aguë, et d'icelle l'en poignist ledit botereau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 306). Item leur fault [aux assiégés] avoir un autre engin, qu'on appelle loup, auquel a ung fer courbé, qui très fortes dens a et agües, qui soit assiz de telle manière sur le mur qu'il vienne engouller le tref du mouton et le tiendra si fort qu'il ne pourra tirer n'avant n'arrière (BUEIL, II, 1461-1466, 52).

12

AIGU   
b)

[De la fièvre] "Qui atteint un seuil critique, brusque" : Quant en esté fait grant chaleur de soleil, lors ceulx qui sont en fiévre ague [l. agüe] sont moult tourmentez (Mir. st Ign., 1366, 73). Item por fivre agüe, R. jus de plantein et de morelhe, et confiseis avuec abon d'uef et avuec delie farine d'orge bien sechie sor une tuelle, et en faitez une enplaistre, et le meteis sor le dieste costé de nombrilh de chi alle eskine, se garira. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 201). Minos fut en ce temps souverain astrologien, lequel fut moult aprecié, mais il ne vesquit gueres et mourut de peste ou de fievre aguë, ou voyage que fist Paris en Sitharée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 v°).

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ALLÉGEANCE1      | 2   
-

Faire / donner / envoyer allegeance (à qqn). "Le soulager, le réconforter, le secourir" : Si priie Dieu, de vraie desir(e), Qu'il me doinst vraie repentance Et de mes pechie aligance (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 230). ...la vierge benoite est comparée à la nue pour quatre choses (...) secondement, la nue fait alejance aux malades languissans (Mir. st Ign., 1366, 72). Et voult mourir pour touz les bons attraire Et nous donner de touz maux alejance (Mir. st Ign., 1366, 115). Mez c'est bien vray que aucunes herbes et melodies si ont vertu naturele de mitiguer et de donner allegence au lunatique, pour un temps (Songe verg. S., t.1, 1378, 391). Par ceulx retarde sa vengence Le hault Dieu, qui donne alegence Aux enfermes, qui le requierent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 152). Et si se vouldroit bien pener De alegence lui donner (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 80). Cy suppli, doux Pere, ta digne magesté, Je, ta petite fille quil ay non Esperance, Qu'a ma povre requeste leur envoye alegence, Et par ta saincte grace envers toy les racorde. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 46). Et de cela si lui avient Ainsi que les Acteurs le dient Qu'elle a vertu confortative, Et aussi multiplicative, Des esperiz et leur substance, Et si donne grant allégance Et réconfors espéciaulx Aux quatre membres principaulx (LA HAYE, P. peste, 1426, 147). Qui n'y ait ne femme ne fille Qui soit si baulde ne hardie, Sur peinne de perdre la vie, De conforter ne visiter Les prisonniers, ne ministrer Quelxconques bien n'alegement, Ne leur donner aucunement Aÿde ou aucune alegence De leur mal, ou doleur, meschance [l. ou de leur meschance], Car ainsi veult qu'il soit garder. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 136). Pluseurs a prins plaisirs a moy estaindre Et me rendre de tous povre le maindre Par son Envie et fole Oultrecuidance. Las ! ou iray je pour avoir recovrance, Ne qui donra ung petit d'alegence A mon labeur ? Mat, doloreux et feible, Je ne vois nul que tant soit peu s'avance Pour me pourter. Je suis en obliance. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 197). Dame, Dieu vous doint alegence Et vous veille reconforter ! (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 73).

Rem. Cf. aussi : Voy les armes en purgatoire Où elles sont en penitance. Pour eulx fay euvre meritoire, Ce leur peut donner allegance. (Le Mors de la pomme, éd. F.-E. Schneegans, a.1468. In : Romania 46, 1920, 569).

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ALLÉGEANCE1      | 2   
-

Faire / donner / envoyer allegeance (à qqn). "Le soulager, le réconforter, le secourir" : Si priie Dieu, de vraie desir(e), Qu'il me doinst vraie repentance Et de mes pechie aligance (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 230). ...la vierge benoite est comparée à la nue pour quatre choses (...) secondement, la nue fait alejance aux malades languissans (Mir. st Ign., 1366, 72). Et voult mourir pour touz les bons attraire Et nous donner de touz maux alejance (Mir. st Ign., 1366, 115). Mez c'est bien vray que aucunes herbes et melodies si ont vertu naturele de mitiguer et de donner allegence au lunatique, pour un temps (Songe verg. S., t.1, 1378, 391). Par ceulx retarde sa vengence Le hault Dieu, qui donne alegence Aux enfermes, qui le requierent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 152). Et si se vouldroit bien pener De alegence lui donner (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 80). Cy suppli, doux Pere, ta digne magesté, Je, ta petite fille quil ay non Esperance, Qu'a ma povre requeste leur envoye alegence, Et par ta saincte grace envers toy les racorde. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 46). Et de cela si lui avient Ainsi que les Acteurs le dient Qu'elle a vertu confortative, Et aussi multiplicative, Des esperiz et leur substance, Et si donne grant allégance Et réconfors espéciaulx Aux quatre membres principaulx (LA HAYE, P. peste, 1426, 147). Qui n'y ait ne femme ne fille Qui soit si baulde ne hardie, Sur peinne de perdre la vie, De conforter ne visiter Les prisonniers, ne ministrer Quelxconques bien n'alegement, Ne leur donner aucunement Aÿde ou aucune alegence De leur mal, ou doleur, meschance [l. ou de leur meschance], Car ainsi veult qu'il soit garder. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 136). Pluseurs a prins plaisirs a moy estaindre Et me rendre de tous povre le maindre Par son Envie et fole Oultrecuidance. Las ! ou iray je pour avoir recovrance, Ne qui donra ung petit d'alegence A mon labeur ? Mat, doloreux et feible, Je ne vois nul que tant soit peu s'avance Pour me pourter. Je suis en obliance. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 197). Dame, Dieu vous doint alegence Et vous veille reconforter ! (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 73).

Rem. Cf. aussi : Voy les armes en purgatoire Où elles sont en penitance. Pour eulx fay euvre meritoire, Ce leur peut donner allegance. (Le Mors de la pomme, éd. F.-E. Schneegans, a.1468. In : Romania 46, 1920, 569).

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ALLUMER   
-

En partic. [Avec un compl. d'obj. interne (feu)] : Sa ! vezci du feu ou j'ay mis Depuis grant peine a l'alumer (Mir. st Ign., 1366, 85). Si entra li dis messires Jehans Chandos en un hostel et fist alumer le feu. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 198). Remondin, qui avoit alumé le feu, et qui bien avoit ouy ce que ly conte Aymery avoit dit, en partie, lui dist : Monseigneur, le feu est esprins, venez vous chauffer. (ARRAS, c.1392-1393, 20). Mais les prestres (...) oncques tel pouoir N'orent que il peüst avoir Feu sur l'aulter, ne qu'alumer Le peüssent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 156). Pour lesquelz canons garnir (...) Item trois milliers de charbon de saulle, deux milliers de sacz de charbon de chesne, vingt bacinetz, à trois piez chacun et une queue, pour le feu allumer pour lesdis canons, et vingt souffletz. (BUEIL, II, 1461-1466, 47).

16

AMASSER   
a)

"Mettre en tas (de la poussière, du foin...)" : Car qui vertuz en lui assemble Sanz humilité, il ressamble A celui qui la pouldre amasse Au vent, et le vent la detasse Et la gaste (Mir. st Ign., 1366, 92). Terres labourables es lieux où lesdits pasturages sont communs en la forme susdite, dès ce que le blé est semé jusques ad ce qu'il soit cuilli et hors desdites terres, sont deffensables, et encores deux moys après pour amasser le chaume et buailles pour faire lestières aux bestes là où on les a acoustumé cueillir. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 245). Sensuit la despence des fenoysons, et tant pour faulchier, que pour fener et pour faire recuilhir et amasser et estrenier les foings de notre sire le roy, à Gardane seulement (Comptes roi René A., t.1, 1473, 90).

17

AMENER   
-

Amener à / en / jusqu'à + indication de lieu : Vas dire au senac qu'il m'amaine Les lions (Mir. st Ign., 1366, 109). ...un cheval de poil bail, lequel il qui parle admena en la ville de Chartres, et illec le vendi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 36). Lors boute Remond la table, et vient en la court, et demande son cheval, et on lui admena. (ARRAS, c.1392-1393, 253). Or est ainsi que nostre homme avoit pourpensé et pourjecté une entreprinse (...) sur les chevaulx de Verset. Et compta le cas à six ou sept compaignons de la garnison de Luc, et les allia avec soy. Et les mena et guyda si bien de nuyt, qu'il arriva au pré où paissoient les chevaulx ; et tant feirent qu'ilz admenerent et chasserent leur prinse jusques à leur garnyson, où ilz partirent leur butin. (BUEIL, I, 1461-1466, 31). De ces parolles fut moult joyeulx le roy Amydas et fist monter le Jouvencel sur une mulle et plus de cent ou six-vins de ses gens sur mulles et chevaulx qu'il avoit fait amener au port quant et lui. (BUEIL, II, 1461-1466, 178).

18

AMER   
-

Point d'amer : Et quant einsi les maus d'amer Sen pour vous, dame, point d'amer Ne me devez faire sentir (MACH., D. Lyon, 1342, 192). Vraiz Diex, en qui n'a point d'amer... (Mir. st Ign., 1366, 104). ...le dous viaire cler Qui n'a point d'amer (MACH., Lays, 1377, 420). ...ça, messeigneurs, et mes amys, Il est temps de monter en mer, Pour Dieu, soyons bons et unys Et qu'en nous n'y ait point d'amer ; Que nous soyons tous confermez A soustenir ceste querelle Pour nostre roy qu'on doit aymer D'amour lealle et naturelle. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 107).

19

AMER   
.

Estre amer à qqn : ...que forfais li soit amer (MACH., D. Aler., a.1349, 350). Car je sens ma condicïon Müee, et ma complexïon, Si que ce que souloie amer M'est maintenant sur et amer. (Mir. enf. ress., 1353, 6). Et en alant d'acort chantons ; Ce ne nous doit pas estre amer. (Mir. st Ign., 1366, 104). Car se mais samblant faisoie, Sans doubte, en dous mueroie Ce qui tant leur est amer. (MACH., L. dames, 1377, 123). ...mais ne me fust amer Le mourir, quant j'ouy l'escry Des maronniers (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 48).

20

AMESURER   
b)

S'amesurer à qqc. "Se mesurer, se comparer à qqc." : ...toutes les griefs passions C'om peut en ce ciecle endurer Ne se peuent amesurer N'estre dignes (...) N'equipoler a celle gloire Infinie que j'en aray Quant Dieu face a face verray (Mir. st Ign., 1366, 98).

21

AMOUREUX1      | 2   
b)

Au plur. [Avec une valeur coll.] "Ensemble de ceux qui aiment d'un amour spirituel" : Et pour c'en foy pensez d'amer Le doulx Jhesus, li savoureux, Ly souverain des amoureux (Mir. st Ign., 1366, 92).

22

ANGÉLIQUE   
-

[De la voix, du chant...] "Qui est plein de douceur et de pureté" : Et en alant, selon l'usage, De voiz angelique chantez Chant qui de vous [anges] soit frequentez Et bien sceu. (Mir. st Ign., 1366, 102). ...il entrouy une voix qui chantoit si melodieusement que il ne cuida pas pour l'eure que ce ne feust voix angelique (ARRAS, c.1392-1393, 6). Et lors revint au peuple et commença a chanter ce chant angelique [var. angeliel] devant le peuple et tantost, celle tribulacion cessa. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 496).

23

ANGOISSEUX   
c)

[De la mort (cliché)] : A mort, lasse ! , voire honteuse, Et si laide et si angoisseuse Que du penser m'esbahis toute. (Mir. enf. ress., 1353, 70). Et morroient de mort honteuse, Dure, diverse et angoisseuse (MACH., Voir, 1364, 3189). ...par quoy destinez Estes a mort perpetuelle, Si angoisseuse et si cruelle Que bouche ne la pourroit dire (Mir. st Ign., 1366, 97). Contre toy, Mort doloreuse et despite, Angoisseuse, maleureuse, maudite, Et en tes fais merveilleuse et soudaine, Ceste complainte ay fourmee et escripte (CHART., Compl., 1424, 321). Bien est voir qu'en temps et en lieu Par sa grant doulceur, le vray Dieu Pour sauver home devint homme, Qui s'estoit forfait par la pomme, Et en la crois laide et honteuse Souffrit mort dure et engoisseuse, Toute vois bonne et profitable. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 142). ...contre Vous, Seigneur Dieu, j'ay grandement mespri(e)s, peché et offensé et tellement que je suis digne de souffrir ceste dure mort, et cent foys plus angoisseuse. (Belle Maguel. C., 1453, 33). LE CRESTIEN [à Saint Nicolas]. (...) Ressuscité a ton adveu Ay esté de mort moult piteuse, Douloureuse, Angoisseuse, Pris des mains du faulx ennemy (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 155).

24

AOMBRIR   
"Cacher, arrêter de son ombre" : ...la nue fait aide aus combatans, car elle aombrist le ray du soleil qui leur pourroit ferir es yeulx (Mir. st Ign., 1366, 74).

25

APPAREILLER1      | 2   
-

"Préparer, infliger (un châtiment, une peine) (à qqn)" : Certes, Trajan, je suis si fors A souffrir (...) Que ne me peuz faire douloir Pour paine que tu m'apareilles. (Mir. st Ign., 1366, 84). ...les horribles tormens qui te sont appareilliez. (Mirouer pech. B., p.1400, 201). Ne refuses pas ce que je te requier, mon Dieu juste. Soies favorable a ton sergent qui t'appelle, car les peines que tu as appareillees aux mauvais ne sont pas deues aux repentans. (CHR. PIZ., Psaumes allég. R., 1409, 86). Et de fait il m'est prins tres grant faim d'aller devers celle qui m'a mis en ce dangier ou, se ce non, rampronnes et ameres cuitures me sont appareilliez, qui sont contraires a ma nature. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 13). Mais en ce est difference, car predestination ordonne la glore selon le bon plaisir, mais reprobation prepare et appareille la paine selon la requeste des merites ou demerites. (Somme abr., c.1477-1481, 171). Sachiez, mes amis, que tout le temps de mon labeur que je soustiens en ce monde n'est point a comparer a ung seul jour des tourmens qui sont appareilliez aux pecheurs ou temps a venir. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 213).

26

APPELER   
a)

"Invoquer" : ...se ire, envie ou la char debatent la nef de ta pensée, appelle le nom de Marie et tantost la trouveras preste (Mir. ev. N.D., c.1348, 60). ...et elle veuille appeler Marie et son aide requerre (Mir. prev., 1352, 232). A laquele chose vengier il appela les dieux qui vengent les parens. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 59.10, 99). Le Dieu que j'aour et appel Ainsi me norrist et enforce Que com plus sueffre, plus ai force De plus souffrir. (Mir. st Ign., 1366, 109). Appelle maintenant, je te prie, o ame crestienne, appelle et huche a haulte voix de sains desirs, par le moyen de la bonne damoiselle Oroison devote, ce glorieux hoste le benoit Saint Esperit (GERS., Pent., p.1389, 84). En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures (ARRAS, c.1392-1393, 1). Qui de bon cueur la requiert et l'appelle, Soit en monstier ou en une chappelle, Ou autre lieu a part secretement, A secourir se mettra doulcement Celluy ou celle qui requiert humblement (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 164).

27

APPLIQUER   
4.

Appliquer le corps de qqn à peine. "Soumettre qqn au supplice" : Ne me saras tourment eslire Ne mon corps a peine appliquer (...) Que pour mon Dieu je ne soustiengne De cuer joieux (Mir. st Ign., 1366, 86).

28

ÂPRETÉ   
a)

"Dureté, âpreté" : ...saint Augustin parlant de ce monde dit que les lieux de ce monde ont vraye aspreté, faulse joie, certaine douleur (Mir. st Ign., 1366, 73).

29

ARDENT   
-

Charbons ardents. "Braise" : Et charbons ardans m'estendez, Sur lesquelz aler le ferons A nues plantes (Mir. st Ign., 1366, 84). ...et recite en ung sien traicté que en ce temps furent veuz corbeaux en l'air, portans en leurs beqs charbons de feu ardans au moïen de quoy plusieurs villes et burgades furent brullées et que plusieurs furent exterminés par les fouldres et fulminacions. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 r°).

30

ARDEUR1      | 2   
A. -

"Chaleur brûlante" : ...demenoient joie et feste Sans sentir le chaut ni l'odour Dou feu ne de sa grant ardour. (MACH., C. ami, 1357, 22). Quant en aucun pais est par long temps grant secheresse par ardeur de soleil (Mir. st Ign., 1366, 71). ...[en Espagne, les Anglais, habitués à un climat frais et humide] estoient (...) nourry d'ardeur et de chaleur dedens et dehors. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 85). ...une fournaise allumee, D'ardeur seurprise et enfumee, Giecte tousjours flamme ou fumee. (CHART., L. Dames, 1416, 270). Ces ouvriers cy derrains venuz Ont ouvré une heure sans plus, Si nous tourne bien a courroux Qu'ilz gaignent autant comme nous, Qui avons eu toute la paine Et l'ardeur du souleil grevaine. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 223). Cestui alla en diverses regions pour veoir choses merveilleuses et par especial ès parties de Provence (...) lesquelz en esté se concellent en sel par l'ardeur du Soleil, tout ainsi que fait autre eaue en glace par froid. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 87 v°).

31

ARDEUR1      | 2   
d)

Ardeur de qqc. "Vivacité, force de qqc." : Si verrons se d'amour l'ardeur Le fait repentant en freveur Devote et pure. (Mir. pape, 1346, 380). ...souvent sont assailliz et impugnez de l'ardeur des temptacions (Mir. st Ign., 1366, 72). Fors que tant plour Qu'amoistie soit l'ardour De mon desir (MACH., Ch. bal., 1377, 607). S'en sui à desconfiture, S'Amours par sa grant douçour De mon desir n'amesure La desmesurée ardour (MACH., L. dames, 1377, 33). Tu as beauté corporelle, mais saiches que trop plus belle, plaisante et desirable est celle de ton ame, a laquelle garder tu doys mettre toute ta cure, o ame devote, tellement que point tu ne soyes halee par l'ardeur de luxure, enflee par orgueil... (GERS., Concept., 1401, 418).

32

ARDEUR1      | 2   
-

Ardeur de justice. "Vivacité, rigueur de justice" : ...mais venra le jour que je attremperay l'ardeur de justice par la pluie de misericorde (Mir. st Ign., 1366, 72).

33

ARDEUR1      | 2   
.

Empl. abs. : ...leur promist que ceste ardeur, c'est a dire la rigueur de sa justice, il [Dieu] leur attremperoit par envoier son filz en terre prendre char humaine (Mir. st Ign., 1366, 71).

34

ARRÊTER   
-

[D'une pers. ou d'un animal] : Et quant il ont veü Durbui de près, Si s'arrestoient, Et dou vëoir forment se mervilloient (MACH., J. R. Beh., c.1340, 109). ...aucune foiz pour la grant chaleur qu'il fait ilz s'arrestent, et delaissent a faire leur voyage. (Mir. st Ign., 1366, 72). Le prince et sa gent s'arresterent, Pres dou chastel (MACH., P. Alex., p.1369, 146). Lors s'arresta tous esbahiz de la grant beauté qu'il perceut en celle qui tousjours chantoit si melodieusement que oncques seraine, faee, ne nuimphe ne chanta tant doulcement. (ARRAS, c.1392-1393, 6). Si m'arrestay en un pourpris D'arbres, en pensant au hault pris De Nature qui entrepris Ot a les faire ainsi harper (CHART., L. Dames, 1416, 199). ...la bonne mule le mena par rues et ruelles, deça et dela, tant qu'elle se vint arrester au devant d'un petit guichet (C.N.N., c.1456-1467, 209). ...se trouva en diverses regions, et s'arresta en la fin et fist residence en l'ostel d'un grand seigneur (C.N.N., c.1456-1467, 332). ...ou quel lieu s'arresterent longue espace de temps, tant pour delivrer leurs marchandises que pour en charger de nouvelles. (C.N.N., c.1456-1467, 566). Et, en après, le mena ledit Petit Jehan et fist monter dessus ledit petit eschafault, dessus lequel il se arresta et tourna le visaige pardevers lesdiz chancellier, de Gaucourt (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 360).

35

ARROSER   
c)

[D'un liquide, de la pluie, d'un ruisseau...] "Inonder" : ...ilz doient avoir pluie, qui leurs terres doit arrouser et faire fructiffier. (Mir. st Ign., 1366, 71). De ce Paradis vertueux Seront produictz quatre ruisseaux, Pour arrouser par tous les lieux Arbres, herbes, fruictz et rainseaux. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 27).

36

ART   
D. -

"Sorcellerie, aptitude à faire des sortilèges, magie ; procédé magique, surnaturel, sortilège" : L'EMPERÉRE. Il semble qu'il ne sente goute Mal c'on li face. PREMIER CHEVALIER. Peut estre que par art efface Touz ses tourmens et met a nient. (Mir. st Ign., 1366, 88). ...c'estoit le corps d'un chevalier armé fors du viaire qu'il avoit descouvert, charnu et vermeil ne sçay par quel art, car sans ame estoit le corps. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 913). Et me dist que (...) bien me gardasse des pucelles de ceste terre, car tant convoitent les chevaliers errans qu'elles les encloent en leurs manoirs par leur art et que une en y avoit qui le preu Passelion tenoit enserré en ses destrois, car ne pouoit estre a ceste adventure s'aucunement secouru n'estoit d'aultrui que d'homme crestien. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 921). Certes, tous ceulx sont bien meschans Qui croient en tel papelart. Failly as a faire ton art Par lequel les autres sauvoies. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 69). A ce pourpoz dit saint Paulin : "Nostre ennemy ouquel sont mille ars a nuyre est a expugner et enchasser de nous par autant de dars comme il nous inpugne et assault par agaiz et je le dis pour ceste cause, dist il, car mon ennemy a mille ars pour me nuyre." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 263). En la premiere partie sera dit que c'est de art magique et de ses espesses, principes et fondemens et des observacions que font les magiciens et des moïens et manieres d'iceulx et en la fin d'iceulx sera adjousté que c'est de l'art notoire, de ciromance et geomance, que l'on dit ars divinatoires, et consequemment sera aussi traittié de l'art de augure, aruspice (...) en après de l'art de piromance, aerimance, armonance, spatulamence et presage (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 8 v°-9 r°). Très hault et puissant prince, vous m'escripvez des parolles par vosdittez lettres qui equipolent d'estre enchanteur, ce que je ne fuz jamais ; et, quant je me fusse aydé de cest art je l'eusse expletté et mis en effect lorsque menastes le roy au Liege contre le gré et consentement des seigneurs de son sang (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 262).

37

ART   
-

Art de diable / art de l'ennemi : Mais ouvrez touz d'art de dyable, Vous crestiens. (Mir. st Ign., 1366, 95). ...et lors lui qui parle, par l'art et temptacion de l'ennemy, d'unes tenailles à esrachier cloux de piez de chevaux, qu'il trouva d'aventure, esracha les cloux à quoy la ferreure dudit petit coffret estoit atachiée, et lors il qui parle print oudit petit coffret, à heure de matin, deux escus d'or (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 226). ...il, tenté de l'art de l'ennemy (...) avoit, à l'ayde d'un petit coustel qu'il portoit, et lequel lui a aujourd'uy esté moustré, coppé le mordant d'argent pendant à la tasse d'un homme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 232). Laquelle isle est moult gardee et deffendue des gens du païs, pour ce que, quant aucum y vient celeement et a fait son art de l'anemy, apprès ce fait se lieve ung tempeste sy grant sur le païs, qui gaste tous les fruis et biens de la contree. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 70).

38

ART   
-

Art de malefice / art de magique : Li crestien n'ont point tel vice Qu'ilz usent d'art de malefice, N'en la vertu des ennemis Ne sommes point a ce soubzmis (Mir. st Ign., 1366, 96). ...ne sort, ne enchantement d'art de magique, ne de poisons, de quelconque maniere, ne vous pourra nuire (ARRAS, c.1392-1393, 84).

39

ASSOUAGER   
.

"Apaiser (un état de manque)" : Mi ange, alez (...) En la chartre ou Ygnace est mis, Et de par moy ly soit tramis Ce pain et ce pot de buvrage. Dites sa fain en assouage (Mir. st Ign., 1366, 104). Or n'est boires, tant soit haitiés, Qui me saveure Ne par qui soit assouagiés Le soif que j'ai, qui m'est si griés. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 107).

40

ASSOUAGER   
1.

"Être soulagé, revenir à un état meilleur" : ...quant aucune nue vient qui atrempe la chaleur du soleil, lors assouagent li malade et ne sont pas tant tourmentez. (Mir. st Ign., 1366, 73). Et par la grace de Dieu le roy assouaga, et retourna sa santé (Chron. Valois L., c.1377-1397, 324).

41

ATTEMPRANCE   
-

Prendre attemprance en qqc. "Se disposer à qqc." : Quant vous ne sarez attrempance Prendre en bien amer nostre sire De touz vos pouoirs (Mir. st Ign., 1366, 91).

42

ATTEMPRER   
-

"Calmer, rafraîchir qqc." : Nous supposons aussi que le Soleil fut crëés en son ange, c'est la partie du cercle du Soleil plus loingz et plus eslevé de la terre, et ce fu convenable chose pour atremper la chaleur de Soleil (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 229). Et donqes si le prent homme [l'eau de roses] et moille les temples pur attempler les sens de la teste ; et l'odour si conforte moelt. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 150). ...ilz voient une nue eslever qui cuevre et atrempe la chaleur du soleil (Mir. st Ign., 1366, 72). ...combien que la lune soit froide et moiste de sa nature, toutevoies recoipt elle la chaleur du souleil qui attrempe sa froidure et seche sa moisteur (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 352). ...et languissoient de soif en telle maniere que ilz gettoient la langue traicte en demandant une seule goutte d'eaue pour attremper leur chaleur (Horloge de sapience S., c.1389, 103). Le tamps estoit pour ce jour si doulx et tant attempré par l'empeschement des nuees qui evitoient la challeur du soleil qu[e]... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 2).

43

ATTERRER   
1.

Atterrer qqn (ou un animal). "Jeter qqn à terre, faire tomber qqn par terre, l'abattre" : Ilz ont maint bon vassal des chevaulx desmontez (...) maint en ont aterrez. (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 49). Li ostoirs qui fu blans l'a moult tost eslevé, Mais par deux fois failly qu'il ne l'a [le héron] aterré (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 745). Chieus qui tenra t'onnour et qui roys en sera, A ung cop de saiette IIJ oisiaus atierra Desus le tour David, que cascuns le verra (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 14). Là véissiés estour qui fist à redouter, Tant ceval quéyr jus, et tant homme atiérer (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 99). Il n'ont pas, ce m'est vis, failli ; Du premier cop l'ont aterré (Mir. st Ign., 1366, 112). Là avoit il Venitiens Et pluseurs autres Crestiens Qui furent pris et enserré, Feru, batu et aterré (MACH., P. Alex., p.1369, 115). Bien est voire que cil de laiens se deffendirent moult longement, et en atierèrent et blecièrent pluiseurs. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 101). "Messires Thumas, mes filz est il ne mors ne atierés, ou si bleciés qu'il ne se puist aidier ?" (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 183). Li dis messires Corageus, qui estoit tous essannés et là couciés entre les mors, et estoit si com demi mors, leva un petit le chief : se ne vei que gens mors et atierés autour de lui. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 174). Et là se combati si vaillamment que nulz chevaliers mieulz de lui, et leur porta grant damage, et moult tenir cousta ançois que il le peuissent atierer. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 23). Les gens dou conte, quant il veïrent leur cappitainne le baillieu atierret et mort, et le banière dou conte toute deschirée, furent tout esbahi. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 177). ...ils passerent par un boys que l'on dit Guigneputain, se arresterent illec, ouquel lieu ilz trouverent un jeune homs qui estoit à pié, et ycellui, sanz lui dire mot aucun, aterrerent illec de coups de baston, et ledit Raoulet lui copa la gorge. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 65). Mais, nonobstant toutes ces choses, iceulx IIJ hommes de cheval furent illec aterrez et lessiez mors en la place (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 319). Mais il appercoit venir bien LX. Sarrasins, qui lui escrient : Par foy, faulx crestien, vostre fin est venue. Et quant Gieffroy les entent, si broche le cheval des esperons et brandist la lance. Le premier qu'il attaint fait voler mort par terre. Et ains que la lance lui faulzist, il en aterra jusques a VIIJ. (...) Et ils lui gettent lances et dars, et se peinent moult de lui aterrer (ARRAS, c.1392-1393, 232). Ceulx que tu engendres, Les haulx princes piteux et tendres, S'y sont mieulx portez que les mendres, Car enferrez, Navrez, batuz et aterrez, Et des mors couvers et serrez, Furent tous, prins ou enterrez. (CHART., L. Dames, 1416, 283). ...lesquelz derechef aterrèrent ledit Jehan Martinon et lui ostèrent ung baston qu'il avoit et lui baillèrent plusieurs coups (Doc. Poitou G., t.11, 1471, 277). Quant ledit Bertrand Soulays vit ainsy venir à luy ledit Jean Bellon luy donna de la plomée de son espée en le crasne de luy tellement qu'il feust aterré (Cartul. Laval B., t.3, 1483, 305).

44

AVISER   
-

S'aviser à qqc. "Réfléchir à qqc." : Ignace, quant je te repren De ton orgueilleuse ygnorance, (...) Pourquoy ne t'i advises tu ? (Mir. st Ign., 1366, 95).

45

AVOIR1      | 2   
c)

[L'objet désigne une caractéristique intellectuelle, morale, sociale] : Et d'un costé et d'aultre urent coeur de lion (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 56). ...com plus sueffre, plus ai force De plus souffrir. (Mir. st Ign., 1366, 109). Et quant les choses ne adviennent pas teles comme ilz esperoient, il s'enfuient. Mais comme nous avon dit devant il appartient a vrai fort soustenir les choses terribles qui sont a soustenir a homme. Et ne tient conte de choses qui sont terribles tant seulement selon apparance. Et ce que il soustient, ce est pour obtenir ou pour eviter pechié et laidure et pour ce semblent mieuls avoir la vertu de fortitude... (ORESME, E.A., c.1370, 216). Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. (Pass. Auv., 1477, 100). Le jeune cuyde avoir sapience (Pass. Auv., 1477, 118). De Dieu il [Jésus] a vertu parfaicte. (Pass. Auv., 1477, 133). Mes pour quoy ara ce prophete Plus grant puissance que vous tous, Veu qu'il est seu et entre vous Estes plus de douze ensemble ? (Pass. Auv., 1477, 160). Graces te rans a chere lie, Bon Jhesus, qui ne hus oncques vice ! (Pass. Auv., 1477, 164). Si Jhesus avoit deïté (Pass. Auv., 1477, 275). Comment av'ous la hardiesse De me pourchasser tel outrage ? (Gal. Sancté P., c.1485, 190).

46

AVOIR1      | 2   
e)

[L'objet désigne une manière d'être psychique, morale, sociale...] : Se vous voulez parfaittement Vivre et avoir vraie sagesce, (...) Aiez en vous la paour de Dieu (Mir. ev. arced., c.1341, 106). Jehan, amis, ne pleure plus, Mais aies cuer plain de leesce. (Mir. st J. Cris., c.1344, 276). ...sa mere Qui ot au cuer douleur amere... (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 95). ... si que pour temptacion qu'ilz aient ilz ne delaissent point la voie de penitence (Mir. st Ign., 1366, 72). Item, se en telz parlers a aucunes choses qui ne li soient bonnes, mais soient contre le honesté de lui ou qui lui soient nuisibles et contre son proffit, il avra indignacion de faire par ce delectacion a ceulz qui les dient et eslira plus contrister les (ORESME, E.A., c.1370, 265). ...Que tant de bon euür euüsse (Echecs amour. K., c.1370-1380, 163). En airan ["aurons-nous"] plus d'opinion ? (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 82). ...j'ay perdu ma plesance Et la joyeuseté que j'avoye (Pass. Auv., 1477, 108). Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? (Pass. Auv., 1477, 138). J'en ay ung remort (si) tresgrant que le cuer me fent ! (Pass. Auv., 1477, 234). J'ey soulcy de faire et deffaire, J'ey soulcy d'aler et venir (Gent. moun. T., c.1500, 335).

47

AVOIR1      | 2   
3.

[Ds une loc. à valeur d'auxiliaire de mode] Avoir à + inf. "Devoir, être en situation de" : Ce m'en a fait tant abstenir Que j'ai eu a besoingnier. (Mir. chan., c.1361, 142). A demander pas ne l'avez, Nachor, mais ce vous ai j'a dire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287). Nonpourquant j'ai moult a souffrir Pour ce que ne me vueil offrir A Mahon croire. (Mir. st Ign., 1366, 90). Et avecques ce il y chiet misericorde quant il a pour ce a souffrir et soutient pour ce paine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 175). Remondin (...) s'avisa qu'il se mettroit a l'aventure de croire la dame, car il n'avoit que une foiz a passer le crueux pas de la mort (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons, ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit... (ARRAS, c.1392-1393, 86). Sachons premierement qui sont ceulx contre qui vous avez a guerroyer. (CHART., Q. inv., 1422, 17). Il lui conterent la maniere qu'il avoit a tenir et les parolles qu'il avoit a dire. (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 143). Li maistre-eschevin dit pour droit que ledit segneur Forque en avoit bien a avoir loi, et de ce dont il n'en volroit loi faire, il l'avoit bien a essevir einsi come crantei l'avoit (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1353], 313).

48

AVOIR1      | 2   
1.

[Sans déterminant] Avoir aide./Avoir cause de./Avoir confort./Avoir connoissance./Avoir cure de./Avoir defaut de./Avoir desir de./Avoir faim./Avoir fin./Avoir grace de./Avoir lieu./Avoir garde de./Avoir loisir./Avoir merci de./Avoir mestier de./Avoir plaisir./Avoir peur./Avoir possibilité de./Avoir puissance de./Avoir raison./Avoir remede./Avoir talent./Avoir vengeance./Avoir vertu de./Avoir volonté de./Avoir vouloir de... : Si requiers, en le vous disant, Que briefment en aie venjance (Mir. ev. arced., c.1341, 133). N'ai mestier que plus me demente (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 318). Mon seigneur, de voz voulentez Acomplir ai je grant desir. (Mir. st Ign., 1366, 81). Et se il avient que telz vicieus amairs ne puissent avoir venjance, ilz le portent griefment et ont grant affliccion ou cuer (ORESME, E.A., c.1370, 262). Aristote met ycy une distinction qui avoit lieu en language grec, mais elle n'a pas du tout lieu en latin ne en françoys... (ORESME, C.M., c.1377, 156). ...donques s'ensuit il que quant ceste chose n'estoit pas elle avoit vertu et possibilité a estre et avecques ce l'autre quant elle estoit avoit possibilité a non-estre apres (ORESME, C.M., c.1377, 244). Par ceste voie aler nous fault : Gardez que n'aie pas deffault De large voie. (Mir. Clov., c.1381, 250). ...et retourna à Dieu pour avoier remede convenable. (PIERRE DE REIMS, Vie ste Colette U.A., 1447, 10). Nostre Sauveur Dieu ait mercy de son ame ! (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 22). Vous advés grace de comprendre Le rëaulme de paradis. (Pass. Auv., 1477, 137). ...ung tresgrant plaisir aurey, Si par vous celle honneur m'est fait (Pass. Auv., 1477, 147). Plorés, Juïfz, plorés, plorés ! Bien advés cause vrayement. (Pass. Auv., 1477, 270). ...ses seneschaulx ou autres officiers aians puissance de recevoir toutes les terres, villes, places et seigneuries que le conte d'Armignac souloit tenir es pays d'Agenois, Perigort, Quercy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 251). ...aucun nottable personnage de grant auctorité, à nous seur et feable, qui soit esditz pays nostre lieutenant general et ait povoir de nous de donner lesditz congiez. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 335). Sire, ne souffrés que autre que vostre misericorde, clemence et pitié soit juge de ma cause, ne autre que vous vous plaise, pour honneur de Nostre Dame, n'en ait congnoissance. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 369).

49

BATAILLER   
B. -

Au fig. : ...par la nue j'entens la vierge benoite qui deffent et bataille pour les penans (Mir. st Ign., 1366, 72).

50

BÂTON   
-

"Matraque de sergent" : DEUXIESME SERGENT. Voire, se les os touz cassez Ne veult de ce baston avoir. (Mir. st Ign., 1366, 78).

51

BÊTE   
b)

Beste sauvage : De tous hommes fu deboutez Pour l'orgueil ou il fu boutez, Et parmi champs, parmi boscages Fu mis o les bestes sauvages. (MACH., C. ami, 1357, 30). Ne ne cuides que feu ardent (...) Ne paour de beste sauvage La charité en mon courage (...) estaingne. (Mir. st Ign., 1366, 86). D'Esau est dit proprement Qu'en chaçant aux bestes sauvaiges Est fais homs, hardis ses couraiges (DESCH., M.M., c.1385-1403, 222). Et tant chevaucha qu'il entra en la terre de Poictou, la ou il trouva grant foison de haultes forests non habitees, et en aucuns lieux, grant foison de sauvagine, comme cerfs, bisches, dains, chevreulx, porcs, et autres bestes sauvaiges, et en moult d'autres lieux belles plaines, belles praieries et belles rivieres. (ARRAS, c.1392-1393, 76). Amis, tout ce qu'il [le marquis] en vuelt faire Pense d'accomplir et parfaire. Toutevoies, je te requier Une chose, et te vueil prier : C'est que le tendre corps de ceste Fille ne soit mengié de beste Sauvage, ne d'oyseaux sauvages (Gris., 1395, 54). Comme doncques il qui se adonna a chacer par les forests aux bestes sauvaiges en defuiend la compaignie des hommes se feust enamouré d'une femme moult belle appellee Echo (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 168). Dont au pied de nostre hermitage Si a mainte beste sauvage Et grant planté de sauvagine : De chevreux, lievres et levreaux, De sangliers, connins, lapereaux Le plus du temps prenons saisine. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 212). En après, le roy retourna pardevers le pays de Beausse, à Chartres, et en Gastinois, au Bois Malesherbes et autres lieux voisins, où il sejourna par certaine longue espace de temps, en chassant et prenant bestes sauvaiges comme cerfz, sangliers et autres bestes, dont il trouva largement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 317). ...ce sembloit mieulx receptacles de bestes sauvaiges qu'il ne sembloit estre habitation de gens. (BUEIL, I, 1461-1466, 19).

52

BÉTER1      | 2   
1.

"Tourmenter qqn (sa chair, son corps)" : Et celx qui ci furent betez Et traictiez deshonnestement, Qui endurerent humblement Lors cruaultez et lors rampones... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 78). Car desoresmais vueil beter mon corps par penance et mater (Mir. nonne, 1345, 346). Il n'a pas la char assez bise N'assez betée encor, Gamache. Fier com je fas, si que la tache Du cop y pére. (Mir. st Ign., 1366, 82). Comme il soit que le genre humain Par la vengeance de ta main Soit par sa desobéissance Mis en totale desplaisance, En peine et en obscurté griefve Qui tant forment le beste et greve (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 6).

53

BIS1      | 2   
-

[Couleur des marques laissées sur la peau par des coups] : Il n'a pas la char assez bise N'assez betée encor, Gamache. Fier com je fas, si que la tache Du cop y pére. (Mir. st Ign., 1366, 82).

54

BLESSURE   
A. -

Au propre "Lésion corporelle produite par un choc, un coup, une éraflure..., blessure" : Car sur moy n'a mais froisseure, Plaie nulle ne bleceure ; Mais suis tout sain. (Mir. st Ign., 1366, 107). Lequel jugement fu executé oudit XVe jour d'ottobre, sauf ce que, pour cause des bleceures et navreures qu'il lui avoient esté faites à la prinse par ledit Guillaume Le Roux, ledit mons. le prevost ordonna qu'il ne feust point traynez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 131). ...quant ilz sceurent la bleceure du roy, lors recommenca la douleur moult grant. Lors dist le roy : Ma bonne gent, ne faictes tel douleur, mais pensez a vous deffendre du soudant, et, se Dieu plaist, je seray tost gueriz. (ARRAS, c.1392-1393, 107). ...vostre doulour me met au cuer plus de griefté que l'angoisse de la bleceure que j'ay. Et ceulx laissierent le dueil le plus tost qu'ilz porent. (ARRAS, c.1392-1393, 120). "Rosiers qui des roses pourvoient Ont piquans, et jadis avoient, Par quoy le cueillir nous devoient Sans bleceüre..." (CHART., L. Dames, 1416, 255). Mais que dirons-nous de Julius Cesar ? Ot-il bien emploié ses paines, quant, par si longs travaux, tant de perilz passez, de bleceures souffertes et mesaises, en pluseurs et diverses batailles conquit la plus grant partie du monde ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 20). À Guerardin de Brimeu, escuier, que mondit seigneur lui a semblablement donné pour soy aydier à guerir de certaine bleceure et navrure qu'il a eue en une jambe lui estant en son service devant Estan Saint Germain, 40 frans (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419-1420, 402). Apprés ce que ou palaix furent venu, le duc envoya ses medecins et surgiens vers Gerart pour savoir et adviser se playes avoit ou aultres blecheures dont il fust en dangier. (...) Quant Gerart ot esté viseté par les fulsyens du duc, ilz prindrent congyé, sy s'en partirent et retournerent vers le duc (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 125). Dont, aprés les dansses et maintes chançons dictes, pour le travail et blessure du seigneur de Loissellench, le roy manda le vin et les espices, et aprés ce tous prindrent congié. (LA SALE, J.S., 1456, 170). Au regard de ma blessure, sa esté le duc de Bretaigne qui le m'a fait faire pour ce qui me appelloit le roy couart (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 365).

55

BOÎTE   
b)

[Des onguents] : Et ensi est Loyalté voir, Car el at boise [l. bois[t]e] à ongement Et muse à tourneir de hauls vens, Hollette, capiel et fretiel (All. foi C., c.1350-1400 [p.1478], 257). ...ceste boiste d'oingnement Me bailla (Mir. st Ign., 1366, 106). La veissiez bergiers hordez De gans blans et d'aumosnieres Et de diverses manieres D'outilz telz qu'il apartienent A bergiers qui gays se tiennent : Trenche pain, cysiaulx, forsetes, Boiste a ointure, esguilletes, Aloine, cernoir, cordele, Une grande tace belle, Fil, aguille, et deel avec Y a, bergier n'est sanz hec (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 228-229). ...une boete de cyprés plaine de ongnemens (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 89). Et est en l'ystoire dame Sapience en une abre appellee therebintus qui est moult vertueuse et souef fleurent, et tient dame Sapience a la main dextre une bouette plaine de ongnement souef fleurent, et ung brain de baulme, et a la senestre ung livre, signifient que sa doctrine est doulce, souef fleurent, plaine de grace et d'onneur (Déclar. Hyst. S., a.1449, 146).

56

BON   
b)

[Avec sentir ou des verbes apparentés] : ...dame, tant belle vous voy Et tant sent vostre oignement bon Que je n'ay fors que se bien non. (Mir. st Guill., c.1347, 46). Diex ! qu'il [jouel] sent bon ! Onques mais je ne senti chose Si bon flairant (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). Diex ! con cest oingnement sent bon ! (Mir. st Ign., 1366, 106). Il [ce parfum] sent bon ; c'est ung grant honneur A nostre maistre. (Pass. Auv., 1477, 155).

57

BOUILLIR   
1.

[D'un liquide ou d'un solide en fusion] "Être en ébullition" : ...l'eau boult tres fort (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 237). Ne ne cuides que feu ardent Ne tourment nul n'yaue boulant (...) La charité en mon courage Ne l'amour de mon Dieu estaingne. (Mir. st Ign., 1366, 86). ...si comme ceuls qui ont une espece de meselerie qui se delitent en eaue bouillante, ce leur semble. (ORESME, E.A.C., c.1370, 402). En or boullant boulu seras (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 156). ...en plonc boullant (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 28). En plomb boillant, pour mieulx les esmorcher, Les pourbouldray sans en avoir mercy (LA VIGNE, S.M., 1496, 220).

58

BOUT1      | 2   
d)

[Avec par ou de, proche de l'idée de manière ou de moyen] : Prendre le fault par autre bout, Seigneurs, ou vous ne l'arez pas. (Mir. st Ign., 1366, 83). Or pran ceste lettre au droit bout, Et tu trouveras sanz mentir Qu'a Dieu et au diable servir Ne puet bien homs (DESCH., M.M., c.1385-1403, 353). A ma Dame je ne sçay que je dye, Ne par quel bout je doye commencer (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 27). Et dist que c'est euvre de charité. Et par ce bout el tient la Trinité. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 67). ...Que nous prenons conclusions De le sçavoir par autre bout (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 272). Sy ne visoient que à l'avoir dehors par quelque bout que ce fut, ou par manasse du roy ou autrement. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 124). LE FILZ. Il fault que l'un des deux compere Le tort, de quelque bout qu'il aille, Et que la verité appere Par le cas de ceste bataille. (LA VIGNE, S.M., 1496, 523).

59

BOUTER1      | 2   
-

[À propos de la conception du Christ] : Ilz dient que leur Dieu voult naistre D'une vierge ou il se bouta (Mir. st Ign., 1366, 75).

60

BOUTON   
.

[Avec valoir] : ...il vient aorer Tervagant et Mahom Et dire que leur foy ne vault plus ung bouton. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 18). "Pute, dist Matabrune, ne valés I bouton ! Digne estes de l'ardoir en un feu de carbon Qui à ung chien avés éut amjonction !» (Chev. cygne R., c.1356, 20). ...No anemy sont fort et trop grande foyson ; (...). Mais entre vous, bourgois au fourré capperon, Estez devant voz huis trop noble campion, Et cant vient en bataille, n'i vallez I. bouton..." (Hugues Capet L., c.1358, 48). Se nous sommes yci huy mais, Nous ne vaurrons pas deux boutons. (Mir. st Ign., 1366, 78). Celle nuit ne mengerrent qui vaulsist ung bouton (Cip. Vignevaux W., p.1400, 71). Frains et scelles rompirent et poitral et archon, Et sengles et sursengles n'y vallent ung bouton, Et les chevaulx cheïrent toulx deulx sus le crepon (Galien D.B., c.1400-1500, 113). ...«Or ne vault ung bouton Charles le roy de France (...) : Tout adés voeult tenir se maise oppinïon» ! (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 21). N'av' ous honte de tant debatre A ce bergier pour trois ou quatre Vieilz brebïailles ou moutons Qui ne vallent pas deux boutons ? (Path. D., c.1456-1469, 176).

61

BRAIE1      | 2   
1.

Au plur. "Caleçon collant, court ou long, porté par les hommes" : Vezci, sire, Ygnace, tenez, Tout nu en braies. (Mir. st Ign., 1366, 108). "Il le fist prendre de ses varlez et le fist mener et courir tout nu en ses braies, et batre d'escorgiees et sonner la trompete devant lui et à chascun quarrefour crier son fait." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 111). ...les chausses dudit Andry il mist et mussa en un tas d'aiz qui sont près de ladite riviere de Saine ; et sa robe, son chasperon, sa chemise et ses brais il avoit mises et portées en un tas de fiens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 129). Item avoir prins à une lingiere sur Grant-Pont IIJ brayes de lin par elle vendues IIIJ s. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 440). Toutesfois, pour abregier la besongne, puisque faire le convenoit, il les fist desvestir en la hale en purs lors braies et lors cemisses, nus piés et nus chiefs ; et la furent aportees toutes les clefs des portes et des guicés de la ville de Calais et celles dou chastiel ensi. (FROISS., Chron. D., p.1400, 844). ...et ancores les mors l'en menoit tout nuz à charretées, sans braies ne sans autre couverture, ou Marchié aux pourceaulx (BAYE, II, 1411-1417, 85). ...trois pieces de toille à l'aulne dudit lieu de Troies pour faire trois paires de draps de lit pour le conte de Saint Pol, chemises, brayes, queuvrechiefz et coiffes, trente six frans ; A lui, pour 6 paires de robes, linges pour les trois paiges (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 75). Et portent des bottes jusques aux genoulx et ont grandes brayes, les aucuns de veloux, les autres de fustenne ou de leurs autres drapz (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 218). Et a maistre Robert Valee, Povre clergon en Parlement Qui n'entent ne mont ne valee, J'ordonne principalement Qu'on luy baille legierement Mes brayes, estans aux Trumillieres, Pour coyffer plus honnestement S'amye Jehanne de Millieres. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 17). ...trouva façon de prendre les braies du prestre sans ce qu'il fust de ame apperceu. (C.N.N., c.1456-1467, 333). J'ay appetit D'arregarder s'il porte brayes. (Pass. Auv., 1477, 213).

62

BREUVAGE   
A. -

"Boisson, breuvage" : Mi ange, alez ent conme appert En la chartre ou Ygnace est mis, Et de par moy ly soit tramis Ce pain et ce pot de buvrage. (Mir. st Ign., 1366, 104). ...il ne burent d'aultre buvrage que de la riviere cui la couroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 133). A ses chevaliers on tendi Buvrage, qui les estendi A la terre comme chetis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 42). Des manières de bevrages desquelz fault user et desquelz non user en temps pestillencial. (LA HAYE, P. peste, 1426, 98). Oultre ce, par les carrefours avoit personnaiges ; c'est assçavoir, en une place une fontaine aux armes de la ville, qui sont l'Agnus Dei gectant bruvages par ses cornes. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 169). Ma char est viande de vie Qui pour vous est appareillie, Et mon sang aussi est bruvaige Dont boire porrez en vostre aige (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 97). ...et, pour pippe de vin breton, seroit paié cinq soulz seullement, tous menus berages et despence d'ostel rabatus. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1441, 136). Cellui qui pisse contre le soleil, il devient en sa plaine vie graveleux et si en engendre souvent la pierre. Glose. Je croy (...) que la gravele viengne plus tost de boire trouble vin ou autre beuvrage trouble et especialement de chevauchier sans selle. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99). Tantost luy balharey son brevage. (Pass. Auv., 1477, 222).

63

CARAT   
-

P. iron. : DEUXIESME SERGENT. Et cestui cy. De quans caraz Te semble il bien, foy que tu doiz Ton Dieu, que ma plommée ait pois ? (Mir. st Ign., 1366, 82).

64

CASSER   
d)

"Briser, casser, meurtrir (un membre, une partie du corps)" : Voire, se les os touz cassez Ne veult de ce baston avoir. (Mir. st Ign., 1366, 78). ...se en la bateure a sang, coupx ourbes de quoy la char soit quassée, se il sont nobles, chascun paiera LXV livres et, se il sont non nobles, chascun ne paiera que LXV solz (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 228). ...or pran a ce garde : "Puet il sur vif charbon aler Sanz la plante du piet casser ?" (DESCH., M.M., c.1385-1403, 195). Mais a la parfin justice est que celle royne, dame et maistresse des angelz, qui selon la promesse divine doit froissier et casser le chief du serpent, c'est assavoir de l'ennemy d'enfer, ne soit en temps quelconque membre de luy et sa subjecte, car autrement toudis luy pourroit reprocher et par moquerie dire : "Veez cy la femme qui m'a cassé le chief - ce dit ! -, mais par avant sur le sien je marcheray par pechié originel !..." (GERS., Concept., 1401, 404). Il me semble que la main m'art Si fort la m'advés vous cassee ! (Pass. Auv., 1477, 209). J'ay les membres tous cassez, Helas, pour Dieu, laissez m'aler. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 35).

65

CENTIÈME   
-

La centieme part/partie/moitié (de qqc.) : Certainement tuit cil qui sont et qui seront et qui ont esté ne porroient penser, ymaginer ne considerer en cent mil ans la centisme partie de la joie que je aroie. (MACH., Voir, 1364, 78). Nulz ne pourroit la centisme partie Dire des biens dont Diex vous fist le don (Mir. st Ign., 1366, 117). ...pas la centime part N'avoie dit (FROISS., Orl., 1368, 104). Amours me het, Pitez m'oublie, Esperence s'est endormie Et ma dame ne me vuet mie, Quant nès dou quart De son resgart, Nompas de la centisme part, Ne vuet souffrir qu'enrichis soie. (MACH., Lays, 1377, 434). Mais n'ot la centiesme moitié De son frere Hector la proece (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 54). Un bien de ceulx qui loyaulx sont, Quant il leur puet d'Amours bien prendre, Est si grant que les faulx n'en ont Pas la centiesme part du mendre. Mais le grief mal que c'est d'actendre En longue douleur la deserte, Leur fait sembler qu'on leur veult vendre Ce qu'Amours donne ailleurs en perte. (CHART., D. Rev., a.1424, 312). ...si poëz croire que ceste nouvelle me fu tant dolereuse a porter que je ne sçaroye dire la centisme partie du deul angoiseux que j'ay pour ceste cause receu (Comte Artois S., c.1453-1467, 124). ...Qu'on n'en sçauroit la centiesme partye En quatre moys escrire (LA VIGNE, V.N., p.1495, 217).

66

CEP   
-

Mettre qqn au/en cep/à un cep. "Entraver qqn" : Je vous enjoing (...) Qu'en chartre obscure le tenez, Et de fors chaines l'enchainez, Et si soit la en un sep mis (Mir. st Ign., 1366, 99). Quant uns Alemans tient un prisonnier en son dangier, il le met en ceps, en fiers, en buies et en dures prisons, ne il n'en a nulle pité, et tout pour estordre plus grant argent. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 110). Et neant mains, ledit Symon le retaint prisonnier jusques il eust paié son geolage et certains despens qu'il avoit faiz es dictes prisons, et le mist ou cep par l'un des piés (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1378, 485). ...quant aucuns prisonniers sont trouvéz en ladicte forest et n'ont de quoy païer l'amende, ilz sont prins et mis au sep qu'a ledit Colin, et les garde ledit porquier [l. parquier] un jour et une nuit, et puis les doit rendre es prisons dudit lieu de Beaumont. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 318). Lequel Henry en eust pris la charge et eust mis icellui de Launoy ou cep, ouquel il fut jusques environ minuyt, qu'il despeça ledit cep et rompi les couplés a quoi icelluy cep fermoit, et se parti desdictes prisons (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 245). Et en oultre avons ordené (...) que, se aucuns sont trouvés dormans en faisant leur guet (...) ilz soient mis es ceps par les piés. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1425, 227). Prenes le toust apartemant, Et le me mectes en prisom Scelom leur tresgrant mesprisom Au seps, gresillions et au fers. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 83).

67

CERTAIN   
.

C'est de certain : Froment de Dieu sui qui attens A estre molu par les dens De ces lions, c'est de certain, A ce que je soie fait pain (Mir. st Ign., 1366, 111).

68

CESSER   
b)

"Abandonner qqc., ne pas poursuivre dans la voie de qqc., renoncer à qqc." : De ta fole creance cesses, Si feras bien. (Mir. st Ign., 1366, 98). Item, je di que en la gloire pardurable n'est pas repos qui est cesser de toute operacion, car les beneurés ont ilecques continuelment operacion de entendement et de volenté en Dieu. (ORESME, E.A.C., c.1370, 517). Pour che ne cessèrent il mies de leur office, mais aloient li blanc cappron tous wisseux parmi la ville. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 168). ...et supposé que ou temps passé en luy ait eu aucunes choses a reprendre, toutevoye il en doit cesser et congnoistre que il est aultrement (JUV. URS., Verba, 1452, 323).

69

CHAÎNE   
1.

[retenir un prisonnier] : Athis fut mis en la chaainne Comme murdrier souffrant grant paine. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 21). ...la caienne, colers et toutez autres choses que vous avés par devers vous necessaires pour gens mettre et tenir emprison. (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1341, 159). Je vous enjoing (...) Qu'en chartre obscure le tenez, Et de fors chaines l'enchainez (Mir. st Ign., 1366, 99). Aucuns magnifierent en saint Pierre l'onneur qui luy est fait par le monde es eglises et ailleurs par seigneurs et princes, tant soyent excellens, jusques a baisier non pas ses piés seulement mais ses os, sa robe et sa chayne. (GERS., P. Paul, a.1394, 487). Qui est la mere, je vous demande, qui vouldroit soustenir les perilz et les travaux pour nourrir ses enfans, lesquelz soustint saint Pol pour les hommes sauver, pour les tirer a l'amour de Dieu, par mer, par terre, par froit, par chaut, en fain, en soif, en prison, en chaines, en bateures, en reprouches jusques a la mort soustenir ? (GERS., P. Paul, a.1394, 510). ...puis lui fist Crever les yeulx et lyer de chayennes (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 166). Quant les lettres furent escriptes et le messaige expedié, vint Estance, le herault du duc Baudouyn, pour sommer le Jouvencel d'ung prisonnier qui estoit eschappé sur sa foy pour ce qu'il disoit que son maistre lui avoit miz une cheisne aux piez. (BUEIL, II, 1461-1466, 133). Sus, Belzebus ! viens, si le lye Devant moy de chesnes de fer Enflambëes du feu d'enfer, Plus ardant que feu de tempeste, Et le battez par tel moleste Qu'il soit brulé de part en part. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 339).

70

CHALEUR   
-

Chaleur de/du soleil : Car einsi comme on voit a l'ueil Que la grant chaleur dou soleil N'iert ja si chaude a desmesure, Ne pleinne de si grant ardure, Qu'un petit de vent ne l'abate Et qu'il ne la rende pour mate... (MACH., D. Lyon, 1342, 195). ...le sauterel, pour un poy de froidure, quant il la sent, est tantost pasmé et aussi conme mort, mais par la chaleur du soleil il revient et revit (Mir. prev., 1352, 231). Quant en esté fait grant chaleur de soleil, lors ceulx qui sont en fiévre ague sont moult tourmentez, tant pour la chaleur du temps conme pour la chaleur de la fièvre. (Mir. st Ign., 1366, 73). ...la prayerie estoit ja toute sechié pour la chaleur du soleil et qui estoit si grande que l'eauve en estoit toutte corrompue (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 83). ...chose de legier venue legierement chiet, et les arbres plus hastiz portent fruits de mendre garde et de plus courte duree que ceulx qui a longue atrempance et droit cultivement rechoivent leur meureté en la chaleur du soleil. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). Puis lui dist : "Tire toy arriere de ma clarté, car tu me ostes ce que tu ne me sauroies donner, c'est la challeur du Soleil, qui est aussi bien pour moy comme pour toy". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

71

CHARBON   
-

[Pour un supplice] Charbons ardents : ...charbons ardans m'estendez, Sur lesquelz aler le ferons [Ygnace] A nues plantes (Mir. st Ign., 1366, 84).

72

CHAROGNE   
-

[Comme terme de compar.] : Sa bouche [de Polyphème] ressemble une fosse Puant com charongne de mors Qu'il a mengié, occis et mors. (MACH., Voir, 1364, 620). Je les vueil [lions], sanz plus, descoupler ; Puis les feray sur lui coupler Com sus charongne. (Mir. st Ign., 1366, 110). ...si s'arresta sus ces poins et comenca a ouvrer en sa fiente en la faisant sechier au feu et faire poudre et la fin en fu qu'il puoit comme charoigne, et chascun le fuoit et se moquoit on de lui qui cuidoit faire de fiente or (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 139). Hee ! Sathanas, puant ordure Plux que charonne et longuaigne, Esse icy la belle guaigne De quoy tu fasoye cy grant joie ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 245). Vienne, (...) prist encontinent une piece de moston, qu'il y avoit, et la party en deux partz et mist soubz checune des aycelles une part, si que ains qu'il fut au lendemain, la cher fut aussi pugnayse comme charoyne. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 290). ...les oyseaux et bestes villes Les mengeant [les corps] come charognies (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 61). On ma iecte sur ce fumier Comme on feroit vne charongne Iay tel dueil que le cueur me saigne Que la mort ne me vient prendre. (Myst. st Martin K., a.1500, 298).

73

CHARTE   
-

[Jeu de mots avec chartre "prison"] : PREMIER SERGENT. C'est bien. Nous vous ferons docteur, Par Mahonmet, lisant en chartre, Qui sera plus fort que de platre De la moitié. (Mir. st Ign., 1366, 77).

74

CHASSER   
-

"Écarter, repousser qqc." : Et enterra en Egipte, c'est a dire en ce monde, et chacera de devant li les faux ymages des Egypciens. (Mir. st Ign., 1366, 73). ...nous voions les estrangiers alliez de nostre royaume qui passent les fortunes de mer pour venir a nostre secours et estre parçonniers de nostre adversité et de nostre paine, et les plusieurs de ceulx qui sont tenuz de defendre actendent et escoutent quel en sera le bruit, et se laisseroient avant chacer et charger du fais de la guerre jusques a estre deboutez de leurs maisons qu'ilz meissent paine de prevenir ne de chacer la guerre loing de soy. (CHART., Q. inv., 1422, 57).

75

CHÂTEAU   
.

Au plur. Esmouvoir les chasteaux. "Lever le camp" Trad. du lat. movere castra : ...une nue s'esleva du tabernacle d'aliance, et les filz d'Israel passérent ou desert de Synay, et esmurent les chastiaux aux conmandemens de Dieu. (Mir. st Ign., 1366, 72).

76

CHEMINER   
-

Part. prés. en empl. subst. : Premier je dis que la nue donne refroidement aux cheminans. Quant gens sont a chemin et ilz ont longuement erré par ardeur de soleil (Mir. st Ign., 1366, 72).

77

CHER   
b)

"Pénible, lourd de conséquence" : DEUXIESME SERGENT. Malassis, c'est un fol musart, Si compére sa foleur chiére. (Mir. st Ign., 1366, 87). Par ce moyen noz faiz esprouverons Et de sa terre l'empereur priverons, En luy faisant des maulx plus chiers que cresme [que le prix de la crème]. (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

78

CHÉRIR   
2.

"Honorer qqn, lui témoigner du respect et de l'affection" : Car tels a esté diffamez Qui puis est chieris et amez De ceuls qui ains le diffamoient, Pour ce qu'apertement vëoient Qu'il met son corps en aventure... (MACH., J. R. Nav., 1349, 272). Si que tu es trop deceüs, Et en enfer dou ciel cheüs, Pour ce que le dieu de nature Qui crea toute creature N'as servi, chieri, ne amé Com ton vray dieu et reclamé. (MACH., C. ami, 1357, 31). ...en honneur ceulx faites habonder Dont vous estes honnorée et cherie (Mir. st Ign., 1366, 117). Dont quant de li amée loyaument et cherie Sui, creinte, desirée, honnourée, obeïe, Sans villeinne pensée, et humblement servie, Estre ne doy blasmée, se m'amour li ottrie. (MACH., Lays, 1377, 343). [La marquise aux courtisans] Et, pour Dieu, ne vous faigniez mie De servir, chierir et doubter Le marquis, que devez amer (Gris., 1395, 87). LE MARQUIS. (...) Mes amis entiers Et bien amez, vez cy ma femme, Vez ci m'espeuse et vostre dame ! Ceste amez, doubtez, honnourez, Cherissiez, et dame clamez (Gris., 1395, 38). Et y aprent maniere et contenance, Sens, hardement, maintien et ordonnance ; Et si acquiert des bons la congnoissance Et est tenuz Pour gracïeux et partout bien venuz, Amé, aydé, chiery et soustenuz, Et par honneur des gros et des menuz Se fait priser. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 168). Quant on diroit L'onneur de lui qui flouriroit, Et que chascun le chieriroit, Lors mon cuer tant s'esjouÿroit. (CHART., L. Dames, 1416, 217). Desquelx il [le chevalier] fut ainssy treshonnoré et doulcement chery, comme ceulx qui bien le savoient faire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 93). Tous ses seigneurs en de bonnes maisons Furent logez, et des dames cheriz, La ou plusieurs amoureux oraisons, Pour parvenir a fin de leurs raisons, On mist avant, voire absens les mariz. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 173).

79

CHEVAL   
.

Parler / respondre à cheval. "Parler / répondre de manière cavalière, outrecuidante, insolente" : Renard escoute, oit et enetend Qu'aucun secours Barbue atent, Et voit qu'elle parle a cheval (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 25). Egar conme il parle a cheval ! S'Artus estoit ou Parceval, S'a il grant cuer. (Mir. st Ign., 1366, 109). LE PAPE. (...) Certainement rien n'en feray, Ne des tresors ne vous diray Ne bien ne mal. DACIEN. Dis que tu parles a cheval. (Mir. st Lor., 1380, 166). Et se les presidens des jugements, pour attaindre la verite des querelles, reprenent les advocaz de leurs allegacions entrelacies et de leurs captieuses proposicions, ilz respondront tantost a cheval : Mes seigneurs, vous nous grievez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 464). ...et le dit Thomas respondi au dit Macé assez fierement que, s'il y mettoit la main, qu'il feroit son povoir de soy defendre et que le dit Macé parloit bien à cheval fierement. (Doc. Poitou G., t.6, 1393, 150). PLUSEURS. (...) Comme il parloit a chesval ! FLATERIE. Il est ung peu trop parcïal. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 188). Ne n'estoit coustume avenir a telz biens par force et pour parler a cheval, veu que tous ceulx qui se humilient jusques a terre et qui ne servent que de obeïr et complaire a grant peine y peuent parvenir. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 52).

Rem. Loc. absente de FEW, s.v. caballus et respondere, mais att. ds FEW VII, 607a, s.v. parabolare ; cf. DI STEF., 161b, s.v. cheval : parler à cheval, respondre à cheval.

80

CHRÉTIENTÉ   
A. -

"Christianisme, foi chrétienne, qualité de chrétien, acquise par le baptême" : La vierge (...) si doint nostre enfant espace D'avoir sainte crestienté. (Mir. enf. diable, c.1339, 25). Car les gens as si pervertiz Qu'aussi com touz sont convertiz A crestienté. (Mir. st Ign., 1366, 80). Adont compta le roy d'Ausais aux deux freres comment le roy Fedric avoit esté mort en bataille et comment le roy de Craquo avoit fait ardoir le corps ou despit de toute crestienté ; et pour ce avoit il fait ardoir le roy Selodus et tous les Sarrasins. (ARRAS, c.1392-1393, 187). Et à ce que partie a dit de l'Université qui est bel joyeau, vray est, car par elle la foy et crestienté est essaucée (BAYE, I, 1400-1410, 107). Mais je regarday que elle [Male Volonté] se efforcoit d'entrer ou plus bel lieu et ou plus noble de crestienté ; Dieu l'en deffende ! car elle amaine avec soy trop perilleuse compaignie et division pour corps et ame. (GERS., Noël, p.1404, 307). Et quoy que tu diez, ne Dieu ne ange ne s'entremist oncquez de telle deverie. Ce fut Sergius, ung moigne apostat, infect de heresie nestorienne et debouté d'Eglise, qui te subgeera ceste mauvaistié pour mettre en trouble sainte crestienté et complaire aux nestoriens hereses. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 125). Et se nous voulons entrer en compareison, quelle chose peult estre plus divine en contemplation, plus juste a bien vivre, plus honneste en humanité, plus riglee en meurs, plus proufitable a chacun, plus paisible pour tous, plus garnie de bonne esperance et tendant a souverain guerdon, que sainte crestienté ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 127). ...d'un roy (...) convertit luy et tout son pais a Crestienté. (JUV. URS., Verba, 1452, 295). Je vous donray maintenant le baptesme Tressingulier, selon Dieu et l'Eglise, Mais que soyez dorenavant bien ferme A le servir, mon enffant : c'est la guise. Or, puisqu'avez crestïenté requise, A deux genoulx mectez vous doulcement (LA VIGNE, S.M., 1496, 215).

81

COMBATTRE   
2.

Empl. subst. "Celui qui se bat, guerrier" : ...la nue fait aide aus combatans (Mir. st Ign., 1366, 74). Tous furent de l'accord et se cueillierent plus de mille combatans, et aprouchierent Saint-Fagon et entrerent en la ville sans nul gait que les chitoiens firent sur eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). En batailles et en barrieres Les sons des trompes si enflament Les combatans (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 117). Et puis que Dieu ne t'a donné force de corps ne usaige d'armes, sers a la chose publique de ce que tu pués, car autant exaulça la gloire des Rommains et renforça leurs couraiges a vertu la plume et la langue des orateurs comme les glaives des combatans. (CHART., Q. inv., 1422, 65). Ce jour, après mienuit, par faulte de bon guet, entrerent en la ville de Saint-Denis les capitaines de Meleun et de Laigny, acompaignez, comme on disoit, de IIJc ou IIIJc combatans, gens de guerre. (FAUQ., III, 1431-1435, 156). ...souventesfois tu [l'Angleterre] y as eu de bien grandes et notables choses, mez tousjours tu les pers et delaisses honteusement, et y demeurent tes vaillans combatans, et demeure tousjours, tout consideré, la perte sur toy (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 270). Comment les pavillons des combatans doivent estre mis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 136). [Contexte grivois] ...quand il oyt le tamburch et noise des combatans, esracha bandeaulx et emplastres (C.N.N., c.1456-1467, 505). Et avecques lui moururent oudit champ bien six vins barons, chevaliers, escuiers et gens de nom dudit royaume et grant nombre d'autres gens de guerre, que bien on estimoit de IX à Xm combatans. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 15). ...luy, entrepreneur, garde et deffendeur d icelluy noble pas, enluminoit et eslevoit si haut la renommée dudit pas, qu'il desiroit, sur tous les biens qu' il povoit jamais acquerir, donner confort à la dame de Plours, estre du très heureux nombre des combatans en ceste emprinse, et soy esprouver à l'encontre de luy (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 175).

Rem. ARRAS, c.1392-1393, 108 ; GERS., Annonc., a.1400, 238 ; CHART., L. Esp., c.1429-1430, 136 ; Comte Artois S., c.1453-1467, 34 ; 40 ; 83 ; Lettres Louis XI, V., t.5, 1472, 33...

82

COMBATTRE   
-

Combattre pour qqn / pour le droit de qqn. "Lutter pour qqn" : ...il n'est nulz qui debate Mon fait ne qui pour moy combate, Se toy non, pére omnipotent (Mir. st Ign., 1366, 101). Dame serez de mon cueur sans debat, Entierement, jusques mort me consume, Lorrier soüef qui pour mon droit combat, Olivier franc m'otant toute amertume (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 111).

83

COMMUN   
-

"Ensemble" : Chier sire, ce fait ce qu'ilz ont, Lui et touz autres (non pas un) Qui crestien sont en conmun, Une paroles si traittables... (Mir. st Ign., 1366, 88). Or escoutez vous en conmun : A touz ensemble et a chascun, Par foy, fas ce conmandement Qu'a la justice ysnellement Venez que le baillif veult faire (Mir. femme, 1368, 210). ...pour pourveoir audit paiement on devoit, concorditer unanimi consensu, poursuir en commun le paiement desdis gaiges pour tous eulz ensemble, sans querir paiemens et provisions à part separeement (FAUQ., II, 1421-1430, 181). ...les masures, jardin, vignes, prez, saulceiz et terres arrables, qui de present sont en totalle ruyne et boccage, qui sont six vingts jours ; et quand un autre les tenoit, devoient en commun au seigneur dud. Vonc, chacun an, de menus cens (Trés. Reth. L., t.4, 1479, 371). François estoient X contre ung, Et pensions entre nous Anglois Morir tous ensemble en commeung Par les mains des tristres François. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 572). ..fut le premier qui mist les loix en Archadie et mariage, car lors vivoient encore hommes et femmes en commun (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 r°).

84

COMPAGNER   
1.

"Accompagner qqn" : PREMIER CLERC. Mon seigneur, après vous irons Vous compagnant. (Mir. st Guill., c.1347, 8). LA MÉRE AU PAPE. Nanil, ainçois vous deux ensemble Vueil que me veigniez compagnier Jusqu'a l'ostel du penancier (Mir. mère pape, c.1355, 356). Car il meismes m'est venu querre A plus de mil liues de terre, Avec lui sa mére Marie, Qui d'anges estoit compagnie (Mir. st Ign., 1366, 106). ...uns chevaliers de Flandres (...) qui se nonmoit le Courtrissien, avoit tousjours compagniet et fait feste et honnour (...) ces signeurs d'Engleterre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 269). Il [le corps] cherche delices et aises, et le royaume des cieulx se veult forcer et ravir par violence de paine et d'affliction. Il te tyre par sa pesanteur ou parfont d'abisme, et tu le peulz par agilité eslever par dessus les cieulx, et acompaigner a gloire en la final resurrection, comme il t'a compaignié aux paines de ceste vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 34). ...en l'an MCCCCXXXVIII furent tres aspres pestilences de epidemie et famine (...) et tellement que le sonner pour les trespasséz fut defendu à Paris, et ne povet-on compagner son parent ou amy trespassé, pour le grand nombre et la grande occupation qui estoit et que on avoit des trespasséz. (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1438, 25). ...chacune foiz que nostre cyrurgien venoit visiter son malade, la belle chambriere le compaignoit (C.N.N., c.1456-1467, 503). Sus, Malque, en chesque contree De la cité alés crïer Que chascun vieignhe compaignher La justice bien enbastonné. (Pass. Auv., 1477, 179). Or chantons, anges, mes amis, Puis que sa bas estes tramis Pour compaignher ma deyté. (Pass. Auv., 1477, 225).

85

CONFESSEUR   
B. -

"Chrétien qui a professé sa foi aux temps des persécutions, qui n'est ni apôtre, ni martyr, saint qui n'est ni apôtre ni martyr" : Vierge, le fils de Dieu enfantas, Et apres vierge demoras[t]. Se ne fuist son naschement, Tous attendissimmes à dampnement. Dame, ie priie, par vostre grasce, Doneis moy de confesseur l'espasse Et me racordeis à vostre fils (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 240). ...et qe nostre douce Dame me vousist mettre en la balance, contre mes mals, les grandes peynes et tourmentz q'elle soeffri (...) et le martirement de touz les seintez martirs - tout est bosoigne - et de ces parfitz confessours ou les benoites virges et seintes veves (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 234). Des confesseurs et des vierges lit on Conme ont suivi par vraie entencion La panthére sur tous enamourée (Mir. st Ign., 1366, 117). Tres saint, beneuré colliege et court de Paradis, angelz, archangelz, cherubins, seraphins, trosnes et dominacions, saints apostres de Dieu, martirs, confesseurs, et toute l'université des beneurees sainctes, martires, vierges et continentes, priez pour moy et soiez en mon aide. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 22). ...veoir la gloire des benois apostres, euvangelistes, martirs et confesseurs, et de ces belles vierges chantans devant Dieu et tous sains et saintes (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 46). Sy entra le tyrant en la cité sans y povoir nul mal fayre, et s'en passa oultre par l'autre porte, que il ne sceut demourer. Car l'umble obeissance du bon saint confesseur osta l'ire de Dieu et forclouy en tel endroit le executoire du flael. Pensons que le povoir de Dieu infini peult donner fin es fraelles puissances dez terriens orgueilleux, et ressoudre la foeblesse dez humiliez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 146). LE PREVOST en cheminant. A Dieu nous convient grace rendre Et au glorieux confesseur. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 144). Il nous en fault trestous aller En requerant le vray corps sainct De vray cueur humble et non pas fainct Sainct Martin le vray confesseur Que a tous nous doint faire labeur Si bon a vous hommes et femmes Que la saluation de noz ames Puissions tellement demener Quen Paradis soyons sauuez. (Myst. st Martin K., a.1500, 378).

86

CONFONDRE   
-

Confondre qqc. (une chose concr. ou abstr.) : ...Des choses qui ne font a croire Et d'aucunes qui la victoire Puelent avoir d'estre creües Ou pour possibles soustenues, Dont les unes essausseray Et les autres confonderay, Au los de m'amie Constance Qui a tous mes contraires tense Et me soustient et fortefie Vers chascun qui en moy se fie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 217). ...tout orgueil est jetté puer, Qui l'ame destruit et confont (Mir. st Ign., 1366, 92). Jadis y ot une cité Qui fu de grant auctorité ; Mais elle est toute confondue, Destruite à terre et abatue. (MACH., P. Alex., p.1369, 137). Sire roy, dictes moy pourquoy vous menez si grant doulour. Sire, dist le roy, par Dieu, il y a bien cause. Or vous plaise a regarder en ceste lettre et vous verrez la douleur et le meschief ou mon frere est, auquel je ne puis aidier ne conforter, car vous avez confondue ma puissance. (ARRAS, c.1392-1393, 172). Bien est en grant confusion, misere et desolacion le povre temple de nostre ame, quant cruaulté tellement s'i embat : riens n'y a espargnié, que tout ne soit froissié, ars et confundu ! (GERS., Purif., 1396-1397, 65). Lequel feu, par le moien des aprestemens qui subtilement estoient faiz dedens, icelle mine tant continua, que finablement la plus grant partie de ladicte porte fut confondue et chey tout à plat. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 215). O quelle resplendissant clarté espart sur son regne ung vertueux roy catholique ! Certes, comme en gettant ses rez sur la terre le beau soleil abat et depart les broullas, et rent le jour cler, ainsi le roy droicturier confont et deprime toute iniquité par l'esgart de sa prudence, et radresse toutez choses a honnesteté par l'onneur de ses justes faitz et renommee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45). Sachent tous, et vous Françoys, que descongnoissance de Dieu et faulte de justice vous ont aconstumé a sacrilege. Aprenés, se ne le sçavez, que ceste seulle offence suffist a confundre royaulmez et seigneuriez, a destruire et dissiper ostz et bataillez, et pour le pechié d'un fayre ses consors maleureux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 61). Et quant ilz [les Tussellains] eurent desservi, par pluiseurs rebellions, que leur cité fut toute confondue et destruite par les Rommains (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 34). Tesmoing suis de la mort Jhesus. Je [l'archange Saint-Michel] vaiz le temple confondre, Car Dieu l'a ainsi conclus. Je m'en vaiz la moitié rumpre. (Pass. Auv., 1477, 225). ...lesquelz [astrologues] ledict calumpniateur et ignorant detracteur s'efforce charger, fouller et diminuer en blasmant ladicte science et aussi, en ce faisant, s'efforce confondre et adnichiler toute philozophie, dont elle deppend (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 4 r°).

87

CONFORT   
-

[Par Dieu] : Doulx Jhesus (...) En ceste amére passion Me soies consolacion Et confort, sire. (Mir. st Ign., 1366, 83). Mon Dieu, mon confort et ma joye, M'ame, mon corps te reconmande. (Pac. Job M., c.1448-1478, 193). Jhesucrist en qui reconfort, Charité, pitié et confort Fort Nous vient en cestuy mortel monde... (LA VIGNE, S.M., 1496, 381).

88

CONFORTER   
-

[Une partie du corps, un organe, la santé, la vie...] "Revigorer" : Dame, c'est a confession, Vous volés vostre corps destruire. Y vous fault ami ou baron, Sy pranrez recreation Pour ung poul conforter nature. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 62). ...le saphir garist de fievres et de toutes chaudes maladies dedens le corps, et conforte moult les oels et la veue (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 178). ...pour noz vies conforter Nous fault prendre nostre repas. (Mir. st Ign., 1366, 94). Et qant leur piere est escaufee, il jettent de celle clere paste sus celle caude piere et en font un petit tourtiel a maniere de une oublie de begine, et le menguent pour conforter lor estomach. (FROISS., Chron. D., p.1400, 127). Elle [l'eau] me conforte le foye Et les boyaulx et la ratelle (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 38). [Il doit prendre la bole d'Arménie] O vin aigre et simple ptisaine, Qui en tel cas est bonne et saine, Ou sur vin blanc et eaue rose Mixtionnez sans autre chose, Pour sa vertu mieulx apporter Vers le cuer pour le conforter. (LA HAYE, P. peste, 1426, 131). Et rent [la terre sigillée] de fait nature forte Et la soustient et la conforte à débouter le venim hors, Qui est logé dedens le corps. (LA HAYE, P. peste, 1426, 132). Grevéz estes oultre mesure ; Pour conforter vostre appetit, Reposez vous cy ung petit (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 251). Le VIII. experiment c'est que vous usés souvent de tiriaque, il conforte la veue. (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 5). ...lequel [lapidaire] il envoya et desdya à Neron l'empereur, ensemble ung mirouer d'esmeraulde pour conforter la veue. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 80 r°).

89

CONNIN   
-

"Lapin de garenne" : Plus tost leur verrez mettre a fin Qu'a deux fors levriers un connin. (Mir. st Ign., 1366, 110). Et le furon doit estre enmuselé, quar autrement il occiroit le connin dedanz, et n'istroit de deux ou de trois jours des fosses, mes se demourroit dedanz et l'i mengeroit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 228). Item, le lannier ne vole fors aux perdriz, et aucunesfoiz au connin et au lievre, et non plus. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 168). Item, peut chacer par toute ladicte forest à toute beste à pié pelu, hors connin. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 139). Les arbres regarday flourir Et lievres et connins courir ; Du printemps tout s'esjoÿssoit. La sembloit Amours seigniourir : Nul n'y puet vieillir ou mourir, Ce me semble, tant qu'il y soit. (CHART., L. Dames, 1416, 199). ...on proposoit contre eulx [des villageois] que ilz avoient chassé ou sanglier ou cerf de leurs jardins, vignes et blefz, et que ilz c'estoient efforcés de les prendre, et pareillement de commins, voire encore ou il n'y avoit point de garenne (JUV. URS., Nescio, 1445, 521). Quant damp Abbés sceust la venue de Madame il fut tres joyeux, lors fist un de ses chars chargier de gras cymiers de cerfz, de hures, de costez de sengliers, de lievres, de conins, de faisans (LA SALE, J.S., 1456, 245). LE SECOND. Levriers n'ont cure de congnins. (Rapp., c.1480, 68).

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CONSEILLER2      | 1   
b)

"Réfléchir" : Aucuns exemples l'en voel faire, A fin que sus il se conselle (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 195). Maleureux, conseille toy. Destruire ainsi pas ne te laisses. (Mir. st Ign., 1366, 98). C'est la voie par laquelle vous poés venir a vostre entente : nous n'i veons aultre. Si vous consilliés, sire rois, et nous en faites response. (FROISS., Chron. D., p.1400, 340).

91

CONSOLATION   
.

Estre consolation à qqn : Doulx Jhesus (...) En ceste amére passion Me soies consolacion Et confort (Mir. st Ign., 1366, 83).

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CONTRÉE   
-

"Pays" : En Thessalle ot une pucelle Qui estoit avenant et belle Et de grace la plus loee Qui fust en toute la contree. (MACH., Voir, 1364, 686). ...dame, aussi suis je esbahiz Que m'envoiez en un paiz Et en une estrange contrée Ou je ne fis onques entrée (Mir. st Ign., 1366, 103). Et puis son chemin trespassa Par le païs et la contrée Dou patriarche d'Aquilée. (MACH., P. Alex., p.1369, 47). Après ce, le roy se parti de Rouen et s'en ala à Orleans, où la royne estoit, et y demoura par longtemps, et puis s'en ala à Jargueau et ilec environ. Et, pendant qu'il y fut, arriverent devers lui plusieurs ambaxadeurs de diverses contrées et pour divers cas. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 155). De ces secrettes habilitéz ou tromperies, qui se sont faictes en noz contrées de deçà, n'entendrez-vous plus veritablement de nulle autre personne, au moins de celles qui sont advenues puis vingt ans. (COMM., I, 1489-1491, 199). Cestui ot ung filz qui fut nommé Assur et pour lui fut icelle contrée dicte Sirye. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 15 r°). Cestui Athlas eut divers disciples et de plusieurs contrées, ausquieux il monstra la science de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 22 r°). ...fors que l'on dit qu'il fut compagnon de Ulixes et par sa guide et bonne ellection, après plusieurs infortunes de mer, arriverent en leur contrée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 30 r°). ...toilles tant de Holande, de France que de toutes autres contrees. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 262).

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CONVERSER1      | 2   
a)

"Fréquenter qqn, avoir des relations avec qqn (en partic. de dialogue)" : ...par leur doctrine perverse, Nul de nostre loy ne converse Avec eulz qu'a eulx ne l'atraient (Mir. st Ign., 1366, 75). ...et lequel Rogier il ne vit ou conversa avec lui depuis que ce que dit est fu parti entre eulx. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 14). Et en oultre leur dirent en eulx complaignant qu'ilz ne povoient veoir le Roy, leur seigneur souverain, la Royne, ne monseigneur de Guienne, ne converser avecques eulx (BAYE, II, 1411-1417, 120). Mes freres et amis ! Vous congnoissiez assez que je suis de vostre lignage et que toute ma vie j'ay conversé amoureusement avec vous (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 184). Car grant fortune diverse, Qui tout verse, Est a homme controverse Et perverse, S'il n'a de Force support ; Tantost chet a la reverse : Lors converse O deul ["Avec Deuil (personnifié)"], sa partie adverse, Qui le herce De desespoir juc au port (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 67). Converser avecques gens de maulvaise vie est chose perilleuse (MACHO, Esope R., c.1480, 130). ...le roy Loys le eut en moult bonne estime et lui donna ladite arceveschié de Vienne. Avecques cestui j'ay conversé souvent et ay veu par experience qu'il estoit bon astrologien (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 162 v°). Et depuis, faignant s'emploier à la pacification desdites divisions, suborna et atrahit à luy aucuns de noz principaulx et plusieurs familiers serviteurs, et avec eulx conserva et machina en nostre personne de nous destituer de nostre auctorité et seigneurie et nous demettre de nostre liberté et franchise (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 243).

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COULPE   
2.

"Péché, souillure du péché" : Et vus requir(e) qne [l. que] por me couppe Me donneis absolucion (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 238). ...jeo sai bien qe jeo et mes pecchés sumes la cause de cele mort pitous et despitous, et la morte cause de vostre dolour, siqe jeo siu ensi coupe et cause de tout le male ? (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 97). ...selon la coulpe doit estre satisfacion mesurée par le jugement du confesseur (Mir. st Ign., 1366, 73). ...se coulpe y a a l'ame, Dieu lui pardonne doulcement ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 87). Icy [au cimetière des Innocents] n'y a ne riz ne jeu. Que leur valut avoir chevances N'en grans liz de paremens jeu, Engloutir vins, engrossir pances, Mener joyes, festes et dances, De ce fere prest a toute heure ? Toutes faillent telles plaisances, Et la coulpe si en demeure. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 133). Les pecheurs qui ne sont pas justifiéz par grace ne sont pas esleuz ne preordenéz de Dieu a la coulpe, mais seulement sont presceus que pas n'auront grace et que ilz seront relenquis a leur nature. (Somme abr., c.1477-1481, 171).

95

COUPLER   
-

Coupler à/sur qqn : Je les vueil [levriers], sanz plus, descoupler ; Puis les feray sur lui coupler Com sus charongne. (Mir. st Ign., 1366, 110).

96

COÛTER   
-

Empl. impers. : PREMIER SERGENT. Chier sire, combien qu'il me coust, Prest sui d'acomplir vo vouloir (Mir. st Ign., 1366, 97). Mais tres bonnes gardes laissierent Eu chastel et en la fortresse ; Puis preïrent la droite adresse Vers la cité de Famagouste ; Et à qui qu'il grieve ne couste, Il sont arrivez à droit port, A grant joie et à grant deport. (MACH., P. Alex., p.1369, 171). Chascun qui le vit des ennemys, sault à pié et habandonne son cheval. Qui veist varlets et pages fuyr, femmes crier, à qui il n'eust rien cousté, en eust voullentiers ri. (BUEIL, I, 1461-1466, 134). La bataille d'eux deux fut grande et fière, et s'entredonnèrent de moult grands coups de hache, si drus et tant asprement que ceux qui estoient présens, prenoient plaisir à les voir ; car, à les voir combattre, ne leur coustoit rien, mais que ceux à qui il touchoit. (Faits Lalaing K., c.1470, 228).

97

COUVRIR   
a)

[De choses concr. ou abstr.] "Recouvrir, se poser sur (qqn ou qqc.)" : ...car telle sanie senefie que l'apostume est ou panicle qui cuevre le foye (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 101). ...mais venra le jour que je attremperay l'ardeur de justice par la pluie de misericorde, car je couverray le soleil de la nue. (Mir. st Ign., 1366, 72). Yver fait le souleil, es cieulx, Du mantel des nues couvrir ; Or maintenant, loué soit Dieux, Vous estes venu esclersir Toutes choses et embellir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 130). De l'autre part fut la closture D'un pré gracïeux ou Nature Sema les fleurs sur la verdure, Blanches, jaunes, rouges et perses. D'arbres flouriz fut la ceincture, Aussi blans com se neige pure Les couvroit ; ce sembloit paincture, Tant y ot de couleurs diverses. (CHART., L. Dames, 1416, 200). ...nous ne actendons que l'ombre de la mort pour nous couvrir, enfouir et mectre en terre (JUV. URS., Loquar, 1440, 355). Mais la vanité de l'onneur mondain et le delit que l'erreur humain prent d'avoir povoir sur autrui aleche les folles pensees a tousjours vouloir rentrer en cest experimenté peril, comme l'oisel qui se fiert en la rethz ou il a veu les aultres surprendre et couvrir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 8). ...a quoy faire [conquérir l'Italie] je suis incité en songes par l'ame de mon pere Anchisés, laquelle toutes les foys que la nuyct obscure couvre les terres de ses umbres humides, que les estoilles assembleez font leur leveez, s'appert a moy soubz l'espece d'une terrible ymage fort indignee et contre moy esmeue. (Eneydes, 1483. In : Chrestom. R., 233).

98

CRUEUX   
-

"Dur à supporter, pénible" : ...Personne qui du lis né de purté Comprent en li la crueuse detresce, Qu'il voult souffrir en croiz pour nous tristesce (Mir. st Ign., 1366, 115). Helas, beau tres doulx hoste, vostre povre ostel, l'ostel de mon ame, est durement assegié ; de toutes pars on lui fait crueux assaulz et tres perilleuse guerre (GERS., Pent., p.1389, 74). ...il n'avoit que une foiz a passer le crueux pas de la mort. (ARRAS, c.1392-1393, 26). Et par my la ville veissiez gens d'onnour, bien et richement habituez, qui crioient a haulte voix : Haa ! Bien viengnent les princes de victoire, par qui nous sommes resuscité du crueux servage des ennemis de Jhesucrist. (ARRAS, c.1392-1393, 117). Pour honneur elle prescha le crueux tourment de la croix et mort tres vergoingneuse, pour richesses povreté, pour delices astinence, jeunes et sobriété (GERS., P. Paul, a.1394, 494). Ceulz doncquez laissent morir leur ame de fain tres perilleuse, tres crueuse et sans pitié, qui ce pain et ceste viande espirituelle li denient, qui ne veulent oyr bonnes amonicions (GERS., Purif., 1396-1397, 59). ...la crueuse mort de feu mondit seigneur le duc (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 361). Hé Dieu (...) Plaise vous, tresdoulx roy des roiz, Conforter vostre povre encelle A qui l'en appourte nouvelle Crueuse et d'amartume plainne. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 105).

99

DARU   
[En parlant d'une pers.] "Fort" : DEUXIESME SERGENT. (...) Regarde ; est ce bien fort feru ? Ne say vilain, tant soit daru, Qui n'en fust roupt. (Mir. st Ign., 1366, 82).

100

DÉBATTRE   
-

"Soutenir qqc." : Cette auctorité jette jus Ce que vous yci debatez Et de ce point vous rent matez. (Mir. st Sev., 1362, 229). ...il n'est nulz qui debate Mon fait ne qui pour moy combate, Se toy non, pére omnipotent (Mir. st Ign., 1366, 101). Car ce qu'a eulz alons combatre N'est que pour nostre droit debatre Et soustenir. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 55).

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